Pour son arrivée en fanfare chez Naïve, L’Attirail (gang de rempailleurs de chaises et de voleurs d’enfants syldaves) a remis en branle les chantiers sonores de Gdansk (métro Porte de Montreuil), de Vladivostok (sous la bretelle de l’autoroute) et des Balkans (première frappe à gauche). Ce CD-Rom, moins bidouillé que les précédents, peut-être plus carré, […]
Pour son arrivée en fanfare chez Naïve, L’Attirail (gang de rempailleurs de chaises et de voleurs d’enfants syldaves) a remis en branle les chantiers sonores de Gdansk (métro Porte de Montreuil), de Vladivostok (sous la bretelle de l’autoroute) et des Balkans (première frappe à gauche). Ce CD-Rom, moins bidouillé que les précédents, peut-être plus carré, affiche la couleur et l’ambition du moment : sonoriser les films improbables d’une Europe centrale virtuelle, faire coïncider le paysage sonore imaginaire mais réaliste (socialiste) du groupe aux images bien réelles qui nous parviennent de là-bas, c’est-à-dire de nulle part. En dix-neuf miniatures néo-ottomanes, L’Attirail, bouilleur de cru clandestin, distille sa liqueur musicale à partir d’une récolte hétéroclite : psylos chantants, opium désaccordé, chanvre indo-européen, millepertuis cuivré et autres plantes harmoniques poussant en abondance sur nos friches industrielles. Ce n’est ni de la world d’ordinateur, ni de l’easy-listening intello, ni même de l’oriental-jazz. C’est bien plus simple : ce sont juste des Français qui écoutent les musiques de la planète, les digèrent avant de les restituer dans une symphonie imaginaire comme dans le meilleur des mondes rêvés. En (bonne) compagnie d’Alice Guerlot-Kourouklis (accordéon, piano), Xavier Demerliac (guitares, trombone, tuba, bandes sonores et voix), Philippe Sirop (percus et casseroles, « autoharpe » et voix) et Jérôme Bensoussan (trompette, clarinette, derbouka, xylophone et voix de leader), vous pourrez rire avec Allan (remember Les Cigares du pharaon), connaître la fièvre du samedi soir du shabbat à Tel-Aviv, pêcher dans le Danube cyanuré, téléphoner en Bulgarie ou vous relaxer à quelques minutes de l’assourdissant Festival de Cannes à Sophia-Antipolis, c’est au choix, mais jamais vous n’oublierez le bastringue tendre et nostalgique de ce band atypique. Sinon, il ne vous reste plus qu’à vous abîmer dans l’écoute du dernier disque de Catherine Lara/Aral, c’est la même chose, en moins bien.
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