Pourquoi, parmi tous les artistes français apparus ces dernières années dans l’underground mêlant musique électronique et post-rock, Yann Encre est-il celui qui nous touche le plus ? Peut-être parce que, contrairement à la plupart, ce jeune musicien a réussi à construire sa musique non par opposition, mais en incorporant une flopée d’influences allant de My […]
Pourquoi, parmi tous les artistes français apparus ces dernières années dans l’underground mêlant musique électronique et post-rock, Yann Encre est-il celui qui nous touche le plus ? Peut-être parce que, contrairement à la plupart, ce jeune musicien a réussi à construire sa musique non par opposition, mais en incorporant une flopée d’influences allant de My Bloody Valentine à T-Rex, du Velvet Underground à la musique africaine. Et l’on sent bien que, chez lui, il ne s’agit pas d’un jeu de grand écart, mais plutôt d’une nécessité vitale de parvenir à répondre à une foule de désirs complémentaires.
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Ainsi, ses deux nouveaux albums prouvent bien sa capacité à mélanger les masques et les genres. Plexus II, sorti sous le nom d’Encre, comprend une unique et longue composition spectrale. Celle-ci prend l’auditeur et l’enveloppe dans une sorte de marasme intime : on y est comme au sein d’un film abstrait, emporté par des images virtuelles qui jaillissent spontanément de la musique. Churning Strides, sorti sous le nom plus énigmatique de Thee, Stranded Horse, est d’une autre trempe, bien supérieure. Ici aussi, on est porté par la musique, mais d’une manière différente. Car le premier réflexe à l’écoute de ce disque n’est pas de se laisser porter, mais au contraire de laisser les larmes couler. Les chansons (dont une reprise habitée de Marc Bolan, période Tyrannosaurus Rex) développent des atmosphères de fin de monde ou plutôt de fin de couple, d’histoire d’amour en décrépitude.
Il y a ici un fort sentiment de désolation qui règne longtemps après l’écoute, comme si, par son chant singulier (en anglais et en français) et son instrumentation minimale (essentiellement une kora africaine qui est à l’origine même du projet), Yann Encre était parvenu à figer l’espace autour de lui. Sa voix évoque parfois celle de quelques chanteurs de folk des années 60, et sa musique dessine avec parcimonie des impressions fugitives, celles de moments passés entre chien et loup. Ici, on pleure beaucoup, mais avec un étrange plaisir cathartique.
Aussi disponible : l’album Plexus II d’Encre (Miasmah, en import Gibert Joseph)
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