Mort en 90, Wright n’a enregistré qu’une poignée de disques, tous plus ou moins confidentiels puisque sortis sur des labels indépendants de free-jazz, parmi lesquels les mythiques ESP, Actuel ou America. Church Number Nine est sans doute son disque le plus rare (sur 1 000 disques originalement pressés, 700 ont été pilonnés), jusqu’à cette réédition […]
Mort en 90, Wright n’a enregistré qu’une poignée de disques, tous plus ou moins confidentiels puisque sortis sur des labels indépendants de free-jazz, parmi lesquels les mythiques ESP, Actuel ou America. Church Number Nine est sans doute son disque le plus rare (sur 1 000 disques originalement pressés, 700 ont été pilonnés), jusqu’à cette réédition due à deux Parisiens enthousiastes et suffisamment courageux pour placer leurs économies dans une musique a priori réputée difficile. L’album, en tout cas, avait été enregistré pour un obscur label français, au début des années 70, à l’époque où Wright, comme d’autres musiciens de free-jazz, trouvait davantage d’accueil et de travail à Paris qu’aux Etats-Unis. Ici, il mène son groupe de l’époque, composé du batteur Muhammad Ali (frère de Rashied Ali, dernier batteur de Coltrane), du pianiste Bobby Few et du saxophoniste Noah Howard.
Artefact légendaire d’une période florissante pour le renouveau du jazz, Church Number Nine est typique des disques de free-jazz de l’époque : la première écoute donne toujours l’impression d’une sorte de magma sonique, d’une coulée de lave brûlante. Pourtant, cette matière très dense, à la fois remplie d’énergie percutante et de sueur acide, recèle surtout une incroyable spiritualité, et comme une sorte de communion rituelle, presque christique, en tout cas très cathartique. Ces musiciens jouent parce que leur vie ne tient qu’à ça. Leur musique, à chaque instant, se dévoile comme un moyen de communication spirituelle primitif et sauvage, une sorte de gospel ombrageux, colérique, extasié et étrangement extatique.