Rentrée des classes avec un album magistral de l’Américain. Critique et écoute.
Fin mai, sans crier gare, Christopher Owens a publié intégralement son troisième album solo sur internet. Point culminant de sa carrière post-Girls, Chrissybaby Forever méritait bien une sortie officielle digne de ce nom : c’est désormais chose faite. Après un deuxième album orienté country et pas toujours convaincant il y a un an, il renoue avec l’esprit de Girls et par conséquent avec l’esthétique de ses héros de toujours, Felt, comme en témoigne le splendide Me Oh My. Entre spleen désenchanté et nonchalance radieuse, ce retour aux sources n’a rien d’une régression.
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Faussement débraillées dans leurs arrangements lo-fi, ces nouvelles chansons se révèlent d’une imagination et d’une richesse mélodique rares, comme le délicat Heroine (Got Nothing on You) ou le sublime instrumental Susanna. Faites maison en improvisant avec les moyens du bord (des instruments cabossés dont il joue lui-même en grande partie, un ami ingénieur du son, des oiseaux qui gazouillent, quelques copines autour d’un feu de camp en guise de choristes), ces pop-songs froissées et humbles continuent de panser ses propres plaies, et les nôtres par la même occasion.
A 36 ans, à la fois rockeur déglingué et âme sensible, Christopher Owens a visiblement fait la paix avec certains aspects ténébreux de son passé pour le moins chaotique. Nettement plus serein, installé à San Francisco, il n’a pas complètement tourné le dos à l’autodépréciation et aux excès (l’ardent Another Loser Fuck up) mais fait des efforts touchants pour se diriger vers la lumière (le poignant To Take Care of Myself Again). On pense parfois à Spiritualized, pour le timbre cotonneux au saut du lit et pour la guérison par les chœurs féminins. Come on and Kiss me, propose-t-il tout guilleret, juste avant la fin – on ne se le fait pas dire deux fois.
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