Un premier album tubesque qui prend à rebrousse-poil la chanson française en la frottant à l’electro et au r’n’b. Audacieux et captivant. Critique et écoute.
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Un aphorisme qui pourrait à lui seul résumer le premier album d’Héloïse Letissier, alias Christine And The Queens. On a rarement vu, côté français, un disque à ce point capable de retourner les stigmates, de faire des faiblesses ou ce qui pourrait apparaître comme des fautes de goût, des forces.
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Sur le papier, le positionnement adopté par la jeune rouquine révélée par les inRocKs lab a de quoi faire frémir. Qui aurait parié un kopeck sur une jeune femme qui s’invente un personnage à la théâtralité assumée, fan de paillettes dorées, de show à la Broadway, de travestissement ? Une artiste dont l’ambition serait, avec une audace qui pourrait virer à l’inconscience, de réconcilier dans un format pop et contemporain chanson française très écrite et influences r’n’b, anglais et français, Véronique Sanson, Michael Jackson et Beyoncé ?
N’en déplaise aux grincheux, ce disque est un des plus captivants et des plus libres entendus cette année. Produit par Ash Workman (déjà aux manettes de Metronomy), qui a su donner plus d’ampleur en mettant en avant un son minimal et puissant inspiré par Drake, l’album donne la sensation de se réinventer sans cesse, dans un jeu constant avec les normes et les genres.
Des tubes à l’inspiration r’n’b (She Wants, Half Ladies, Christine) côtoient ainsi des mélos plus littéraires (Saint Claude, un des plus beaux titres avec l’increvable Nuit 17 à 52) ou une reprise culottée et bouleversante des Paradis perdus de Christophe, télescopée au moment du refrain avec le Heartless de Kanye West. Et ce ne sont pas les deux, trois titres dispensables qui nous feront changer d’avis : l’été sera chaud, et profondément humain. Longue vie à la reine.
Concert le 18 juin à Paris (Gaîté Lyrique)
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