Les mauvaises langues ne manqueront pas de dire que les rats quittent déjà le navire de la drum’n’bass, exténués par les cadences infernales. En tout cas, Rat emblématique figure de Bristol, généralement trouvable sous un bonnet de laine quitte Ratman et la jungle pour s’offrir, ici, un passionnant voyage dans les bas-fonds déjà […]
Les mauvaises langues ne manqueront pas de dire que les rats quittent déjà le navire de la drum’n’bass, exténués par les cadences infernales. En tout cas, Rat emblématique figure de Bristol, généralement trouvable sous un bonnet de laine quitte Ratman et la jungle pour s’offrir, ici, un passionnant voyage dans les bas-fonds déjà visités par Portishead sur son tortueux second album. Pas étonnant, donc, de retrouver sur Chicken milk l’architecte du son Portishead, Dave McDonald, montagne placide dans la vie, maniaque tremblant au studio. Dans une ville où les basses des sound-systems assurent le rythme cardiaque de toute une scène, Receiver continue, à quelques encablures de la cordée Massive Attack, l’exploration de la face la plus sombre du dub. Formée à l’école On-U Sound ou Smith & Mighty, sa vision du dub évoquerait celle de Tricky : même jouissance à faire chanter des timbres très purs au milieu de rythmes ivres et grondants, à faire cohabiter des textures particulièrement sensuelles avec des ambiances glaciales, cauchemardesques. Un frotti-frotta du chaud et du froid particulièrement réussi sur Mood master, O’Driscolls curse, Santa Maria (Receiver, apaisé, évoque alors ses amis Alpha, récemment recrutés pour remixer son réjouissant What da funk), où le monstre se découvre soudain des jambes et se met à danser avec une langueur inattendue. Un étonnant point d’équilibre où l’on sent que tout peut s’effondrer dans la routine si seulement ce chant pop ou ce grondement dub décident de bouger d’un seul centimètre de plus. Une stabilité fragile déjà régulièrement fréquentée à Bristol par Massive Attack, qui rajoute de la soul et du blues pour corser le balancement, ou par les surprenants Monk & Canatella qui donnent parfois la fausse et grisante impression de ne jamais enregistrer la musique et le chant dans le même studio. C’est là, quand le timbre blanc de Rich Beale vient narguer le feu qui couve et les chardons qui menacent, que Receiver prend toute son ampleur : celle d’un de ces groupes tiraillés entre des influences prêtes à en venir aux mains (le syndrome Portishead : on connaît les ingrédients mais pas la recette qui les lie à ce point), à ce point miraculeux où le tissu sonore est dangereusement tendu mais refuse de rompre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}