Tête blonde un peu poupine, Mocke, le guitariste d’Holden, évoque étrangement Beck. Mais la ressemblance s’arrête là. Envoûtée par un élégant songwriting français, la pop suave de ce groupe parisien formé en 1998 (un premier album, L’Arrière-Monde) n’a pas grand-chose à voir avec les compositions du chanteur winner de Loser et d’Odelay. Yeux d’anis avec […]
Tête blonde un peu poupine, Mocke, le guitariste d’Holden, évoque étrangement Beck. Mais la ressemblance s’arrête là. Envoûtée par un élégant songwriting français, la pop suave de ce groupe parisien formé en 1998 (un premier album, L’Arrière-Monde) n’a pas grand-chose à voir avec les compositions du chanteur winner de Loser et d’Odelay. Yeux d’anis avec du feu dans les cheveux, Armelle Pioline, sa charmante compagne au chant, a le même timbre de voix lumineux que Françoise Hardy. Et ça, c’est flagrant comme le nez au milieu de la figure. Mais si Mocke et Armelle n’ont évidemment rien contre la muse de Tous les garçons et les filles, ils jurent à tue-tête n’avoir jamais acheté le moindre de ses disques. En fait, l’analogie les agace car elle coïncide avec cette foutue étiquette néo yé-yé? qui leur colle au train depuis Pedrolira, en 2002.
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De ce second album composite pétri d’accents jazz, d’incartades arizoniennes ou autres élans post-rock et produit par Atom Heart (alias Señor Coconut, l’Allemand déjanté qui a latinisé Kraftwerk au Chili), certains n’ont retenu, hélas, qu’un minidélire easy-listening. Du coup, armé de Chevrotine, Holden revient, quatre hivers plus tard, larguer les amarres sixties pour leur préférer d’autres rivages plus vaporeux, d’autres plages plus minérales, d’autres âges moins avancés. Ainsi, volontairement moins dense, plus épuré?, Chevrotine recèle, comme dirait la grande Françoise, tant de belles choses. Ainsi, Ce que je suis, la première chanson, est une petite merveille de sobriété mélancolique, complètement obsédante Un texte gainsbourien ( Je ris aux larmes, je larme aux ris/ Mais qu’est-ce qu’il m arrive/Oh oh comme je regrette/Je ne suis pas ce que je suis’?), une diction nonchalante à la Morrissey avec un petit quelque chose d’Autour De Lucie… et un banjo. En septembre déclare son amour pudique à Dominique A ; Madrid fricote en réverbe avec Morricone et agonise sur un doux free-jazz ; Sur le pavé accélère enfin le rythme pour atteindre des sommets mélodiques. En queue de cortège, Dès demain se déploie langoureusement au gré d’une rythmique bossa, d’une guitare solaire ainsi que de petits arpèges cristallins.
Leur morceau préféré de Chevrotine s’appelle L’Essentiel, et on les approuve à 300 %. C’est une ballade atmosphérique, « sous le soleil de février », que des roulements de batterie synthétique viennent renverser entre chaque couplet. Avec Arman Méliès ou Dorval, la preuve qu’une pop d’ici, insoumise et nomade, en a fini de jouer le caniche à sa mémère anglaise et a machouillé sa laisse. Elle ne murmure plus, elle flingue : à la chevrotine.
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