Cherry Glazerr balance un deuxième album entre l’intime et le punk féministe

Clementine Creevy a de la ressource. Malgré une vie de groupe pour le moins agitée ces derniers mois, la jeune leader de Cherry Glazerr a réussi à maintenir le combo indie rock californien sur de bons rails.

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Un disque urgent et intime

Depuis la parution du prometteur Apocalipstick en 2017, le groupe a en effet changé de bassiste avant de perdre tout récemment Sasami Ashworth, partie faire décoller ses synthétiseurs en solo, laissant ses anciens camarades en trio. Il en fallait plus toutefois pour déstabiliser Clementine Creevy, puisque Stuffed & Ready n’a rien à envier à son prédécesseur, bien au contraire. Cherry Glazerr semble avoir encore gagné en maturité sur ces dix nouveaux morceaux accrocheurs, Creevy, voix d’ange et plume incisive du haut de ses 23 ans et (déjà) sept ans d’activité, ouvrant plus volontiers le livre de ses émotions, comme s’il fallait désormais accompagner l’urgence de mélodies lumineuses de textes plus personnels, plus intimes.

Cri de colère

Le meilleur exemple est sans aucun doute ce Daddi bipolaire sur lequel la jeune femme moque les habitudes machos des hommes de ce monde qui se posent en décideurs péremptoires – “Where should I go daddi ? What should I say ? Is it OK with you ? Who should I fuck daddi ? Is it you ?”, questions scandées de manière automatique avant le refrain libérateur (“Don’t hold my hand ! Don’t be my man !”), cri de colère féministe et punk.

Les guitares sont tantôt rageuses (Wasted Nun), tantôt mélodieuses et accompagnées de synthés rêveurs (Self Explained, Pieces). Et la production de Carlos de la Garza, loin du rock alternatif lo-fi de Papa Cremp (2013), n’hésite pas à faire parler la puissance quand il le faut, à grands coups de murs du son tonitruants (Isolation, Stupid Fish). A l’écoute de ce disque à l’énergie réjouissante, il est évident que Cherry Glazerr a franchi un cap. Bienvenue dans la cour des grands.