Ce qui frappe sur cet époustouflant Chemistry is what we are, c’est d’abord l’insolente plénitude de ses arrangements, de ceux capables de transformer la plus petite idée de chanson en cantate baroque, le moindre motif mélodique en fugue à six voix. Simian élabore des pop-songs qui n’en sont pas, fait de la dance-music qui ne […]
Ce qui frappe sur cet époustouflant Chemistry is what we are, c’est d’abord l’insolente plénitude de ses arrangements, de ceux capables de transformer la plus petite idée de chanson en cantate baroque, le moindre motif mélodique en fugue à six voix. Simian élabore des pop-songs qui n’en sont pas, fait de la dance-music qui ne se danse pas du tout, envoie Love se faire remixer chez Aphex Twin et finit de déboulonner le peu de repères qui nous ancraient encore dans le 20ème siècle. Celui des certitudes bien trempées, où une guitare ne servait qu’à faire de la musique et un rocking-chair à faire la sieste. Chez Simian, c’est justement l’inverse : sur Drop and roll, qui ouvre l’album sur un déluge d’orgues, les chaises sont musicales pendant que les guitares rêvassent dans un coin du studio, songeant à ce qu’il adviendrait si Sgt Pepper enfourchait un cheval de bois dont Autechre aurait réglé le trot. Si elles empruntent plus volontiers à la musique concrète qu’à la musique qu’on gratte, les chansons de Simian, si confusément familières, ne s’inscrivent pas moins dans une tradition très britannique de l’hallali pop. Comme chez XTC, avec qui elles partagent un onirisme très carollien, ou plus récemment Beta Band, elles possèdent l’iridescente beauté de prières susurrées à l’adresse d’une idole déchue.
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