Il y a des années, Morrissey réglait ainsi le cas Boy George : “Voix somptueuse. Dommage qu’il s’habille si mal.” Aujourd’hui que Boy George a remisé son propre décor et ses costumes navrants, va-t-on enfin considérer avec sérieux le calvaire de cette voix qui n’a souvent chanté que le menu fretin ? On aurait pourtant […]
Il y a des années, Morrissey réglait ainsi le cas Boy George : « Voix somptueuse. Dommage qu’il s’habille si mal. » Aujourd’hui que Boy George a remisé son propre décor et ses costumes navrants, va-t-on enfin considérer avec sérieux le calvaire de cette voix qui n’a souvent chanté que le menu fretin ? On aurait pourtant aimé qu’il affronte de dangereuses chansons, qu’il se risque sur du Bacharach/David, sur du Brian Wilson tous ces pièges qui font la part des choses entre les tricheurs et les chanteurs. Mais Boy George se contenta trop souvent de jouer petit-bras, les regrets des autres étant finalement plus faciles à vivre que les risques personnels. Dommage, car une seule fois, avec Time, sa voix trouva une chanson digne et ambitieuse : on la regrette encore. Tout au long de sa carrière, Boy George prit plus de temps, de plaisir et de talent à choisir ses ennemis que ses auteurs-compositeurs. Aujourd’hui libéré de la pression personne n’attend plus ses méchancetés, ses disques ou ses maquillages , Boy George s’amuse enfin : à reprendre T-Rex en invitant une autre langue de pute, Edwyn Collins, à la guitare ; à simuler la violence sur une version trop maniérée du Funtime des Stooges… Album bowien (période Tin Machine, malheureusement), fourre-tout régulièrement crétin et dispensable, Cheapness & beauty offre cependant à Boy George l’occasion d’enfin frotter sa voix à deux chansons sur mesure : Unfinished business et surtout Il adore. Ceux qui ont paresseusement reconnu à Simply Red le don d’une « belle voix » s’en mordent les doigts.
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