Entre Far West et Grand Nord, la Scandinave se dégage une belle voie solitaire.
En 2003, on n’avait pas prêté une attention démesurée aux débuts de la Norvégienne Ane Brun, fondue dans la cohorte des sirènes venues du Nord. Avec l’élégance des discrets, au fil d’albums de plus en plus aboutis, elle a pourtant su imposer sa plume pointilliste et sa tremblante flamme vocale. Ecrites avec un vocabulaire harmonique qui proscrit toute banalité, les chansons soyeuses de Changing of the Seasons, ouvragées par une belle équipe de tisserands suédois, confirment la tendance : sous ses airs fragiles, Ane Brun a la carrure d’une championne du songwriting.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cette petite blonde aux robes désuètes ressemble à une chanteuse de country à la Patsy Cline, plus apte à fendre les coeurs solitaires qu’à hystériser les foules du Grand Ole Opry. Pas de grands trémolos chez ce bel oiseau transi, mais un léger frisson dans la gorge, un subtil étranglement dans la voix qui s’accorde avec les étoffes orchestrales un peu froissées qui l’enveloppent.
En écoutant ce disque, on ne peut s’empêcher de penser à une autre figure de proue de la scène norvégienne, le brillant Thomas Dybdahl. Comme lui, Ane Brun s’est ouvert un chemin de traverse entre la douce chaleur des intérieurs scandinaves et la vertigineuse immensité des espaces américains : un passage du Nord-Ouest où son tempérament conquérant s’exprime à merveille.
{"type":"Banniere-Basse"}