Mieux vaut tard que jamais : lesinrocks.com vous propose de découvrir le compte-rendu d’un internaute sur le concert envoûtant du trio Blonde Redhead aux Eurockéennes de Belfort le 4 juillet dernier.
Y a-t-il de la vie sur Mars ? On peut y songer en écoutant Life On Mars de Bowie mais laissons de côté les questions qui bouchent les artères et partons à la conquête de la planète du son façonnée par les lutins bâtisseurs Pixies. Célèbre pour son palace de sel, on y trouvera sans encombre (ni concombre) la princesse japonaise Kazu en compagnie de sa garde italienne, Amedeo et Simone.
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Ces trois électrons libres gravitent avec consistance autour du noyau insécable Blonde Redhead et nous prescrivent une préparation à base de lithium qui ravira aussi bien les mélancoliques chroniques que les nostalgiques notoires.
Comme il n’y a pas de palace sans globe terrestre, explorons le dédale salin à sa recherche. Après quelques révolutions de l’astre miniature arrêtons-le entre l’Italie et le Japon, précisément sur les hauts plateaux du Cachemire. Ces terres secrètes se découvrent à point nommé pour illustrer les multiples directions musicales arpentées par le groupe depuis son dernier album, Misery Is A Butterfly.
Depuis leur rencontre dans un restaurant italien à New York et leurs premiers albums sous perfusion de Sonic Youth (guitares à têtes chercheuses, duo de voix mi-cuites), ils trouvent maintenant l’inspiration auprès des fantômes apaisés peuplant les alcôves de leurs esprits pervertis. Les instruments prennent vie (orgue, basse à six cordes jouée comme une guitare) et font danser langoureusement douceur et agressivité.
Les guitares en spirale génèrent une puissante hypnose électrique qui pousserait tous les anges déçus à se faire tailler des ailes de diablotin. Ce mariage détonnant que Léon Zitrone aurait pu commenter donne naissance à des mélodies citroniques (citro-soniques) qui piquent sous la langue et font pétiller les regards.
Entre le show robotique de Placebo aux guitares impuissantes et au Molko star académisé, les Pixies (la famille Barbapapa) en marionnettes parodiques et Korn avec son chanteur en kilt (que fait Axl Rose ?) titillant la cornemuse avant de piller One de Metallica, c’est bien souvent loin de la grande scène des Eurockéennes que nos sens vont butiner. Ainsi en cet après-midi de fin de festival, il fait bon être devant la scène de taille moyenne du Chapiteau, déjà chargée de souvenirs sulfureux des jours précédents (Franz Ferdinand, !!!).
Et surtout face à un groupe qui ne négocie pas ses virages – on n’est pas au marché de la mélopée discount – au risque de faire basculer sa carriole chargée de citrons à chaque instant. Du jus acidulé pour le peuple !
Les guirlandes multicolores qui en jaillissent sont portées par la voix écorchée vive, criée et haut perchée de Kazu subtilement contrebalancée par la chant délicat d’un des jumeaux. Cet équilibre précaire génère une tension qui en devient palpable, comme autant d’électrochocs qui nous parcourraient la chair chaque seconde.
Les artères se gonflent, le rythme cardiaque s’accélère et les stéthoscopes sont chauffés à blanc. Le dernier morceau au rythme battement de c’ur (dans la veine de Heroin du Velvet) suit cette cavalcade infernale avant la rupture finale, en une douce petite mort, silencieuse.
Nicolas WEIBEL
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