Irréelle et cotonneuse, l’electro-pop de l’Américain Toro y Moi soigne les brûlures, rend intelligent. Ta femme partie : elle revient.
[attachment id=298]En 2009, on pensait être allé tout au bout du rêve, avoir atteint les rivages les plus brumeux et lointains de l’onirique avec des merveilles signées Passion Pit ou Animal Collective.
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On ignorait qu’en Caroline du Sud un illuminé du nom de Chaz Bundick, oeuvrant pour le bien de l’humanité sous le nom de Toro Y Moi, travaillait déjà à un très étrange rapprochement entre ces deux pôles, l’un électronique, l’autre organique, mais tous les deux orgasmiques, de la même utopie : créer une musique qui autorise le rêve debout, toute la journée, les yeux ouverts et l’âme nomade.
Avec Toro Y Moi, on peut aussi danser horizontal, avec des murmures de house-music tellement douillets qu’ils invitent à la sieste béate – seul ou à plusieurs. Car cette musique est outrageusement sexy, alors qu’elle pourrait n’être que froide et clinique comme un carrelage de laboratoire ; elle est d’une fluidité et d’une sensualité sidérantes là où on devrait ne voir que coutures grossières, placages douteux.
Comme chez Memory Tapes, autre jeune Américain spécialisé dans la vaste musique de chambrette, c’est cette manière d’assembler méticuleusement mais joyeusement, en un magma de coton et d’éther, des éléments disparates (folk, psychédélisme, hip-hop, shoegazing, electronica, dreampop, disco, house ou r’n’b…), qui fait de l’ambitieux Blessa ou du tubesque Low Shoulder de telles sources de ravissement.
Douce impression que d’être largué dans un album-labyrinthe, de ne pas savoir où tombera le prochain beat, où mènera le prochain refrain : ne reste qu’à se laisser porter par ce groove élastique, cette musique aqueuse et pourtant si loin, dans sa consistance et son acidité, des imbécillités amniotiques que les faiseurs new-age servent à la louche. Une des chansons s’appelle Thanks Vision – et on dit merci pour ces visions d’un autre monde, plus vert, plus vaste.
Album : Causers of This (Carpark/La Baleine)
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