Hostile à la musique en boîte, Sergiu Celibidache privilégiait le live. Aujourd’hui disparu, son art renaît… grâce au disque. Classique Star incontestée de la direction d’orchestre depuis des débuts fracassants à l’âge de 33 ans à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 1945, le Roumain Sergiu Celibidache est un monstre sacré pour tous […]
Hostile à la musique en boîte, Sergiu Celibidache privilégiait le live. Aujourd’hui disparu, son art renaît… grâce au disque.
Classique Star incontestée de la direction d’orchestre depuis des débuts fracassants à l’âge de 33 ans à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 1945, le Roumain Sergiu Celibidache est un monstre sacré pour tous ceux qui ont eu la chance de le voir et de l’entendre diriger. A sa mort, en 1996, se posa le problème de la publication légale de ces « souvenirs de concert » (l’expression est de lui) sur disque, alors que déjà, de son vivant, on trouvait bon nombre d’enregistrements pirates, pour la plupart médiocres, qui ne pouvaient que desservir la qualité de son jeu. Car Celibidache s’était toujours opposé aux offres de plus en plus pressantes des compagnies de disques pour enregistrer en studio tout au plus tolérait-il des prises radio de ses concerts, privilégiant par-dessus tout le son live, plutôt que « la musique en boîte » ! Si elle admet « qu’un document sonore ne pourra évidemment jamais reproduire l’expérience d’un concert », la famille Celibidache (menée par Serge Ioan, fils de Sergiu et réalisateur de cinéma) a donc décidé de contrer ce flot d’enregistrements indignes en ouvrant la boîte de Pandore : elle confie une première série de disques aux Anglais d’EMI, en 1997 qui verse les royalties à deux fondations, l’une musicale, l’autre humanitaire. Deux ans plus tard, Serge est très mécontent de la diffusion de cette première Edition Celibidache. Il a constaté lui-même que, dans plusieurs pays, en particulier en Italie où son père dirigeait fréquemment et jouissait d’une réputation énorme, on ne trouvait pratiquement aucun de ces disques, alors qu’ils étaient disponibles ailleurs…
C’est désormais la prestigieuse étiquette jaune du label allemand Deutsche Grammophon qui assure la diffusion de cette Edition Celibidache, avec dans la corbeille de mariage une dot exceptionnelle, les quatre symphonies de Brahms l’un des compositeurs les plus joués et appréciés du chef d’orchestre. Pour qui n’aurait jamais assisté à un concert de Celibidache, ce coffret est l’opportunité d’apprécier la direction inspirée d’un musicien au faîte de sa gloire. Critiqué, à tort, pour ses tempi amples et généreux (le plus souvent guidés par un souci du détail, de la nuance et de la capacité du son à réagir à l’acoustique du lieu), il concentre ici son attention sur l’architecture grandiose et harmonieuse de ce monument du romantisme allemand qui, d’ailleurs, sous sa direction, se révèle d’une durée égale à celle d’interprétations concurrentes… Directeur de l’Orchestre de Stuttgart pendant dix ans (jusqu’en 1983), Celibidache eut le loisir de peaufiner avec lui une exécution pleine de lumière, intense et fluide, des quatre symphonies de Brahms. Suivront, avant la fin de l’année, des enregistrements consacrés à Richard Strauss et aux musiques russe et française.
Celibidache dirige Brahms – Symphonies nos 1-4 ; Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart (1 coffret de 3 CD, Deutsche Grammophon)