Un jour de 1987, Les Pires quittent Lannion à bord de leur carriole. Adieu festou-noz, adieu bagadou, direction le vaste monde. De cette époque, il reste Jean-Pierre Le Cornoux aux claviers, Sylvain Larrière au violon et Jeanno Jory au sax. Martin Saccardy (trompette) et Paul Jothy (percus) les ont rejoints récemment. Cave canem, premier disque […]
Un jour de 1987, Les Pires quittent Lannion à bord de leur carriole. Adieu festou-noz, adieu bagadou, direction le vaste monde. De cette époque, il reste Jean-Pierre Le Cornoux aux claviers, Sylvain Larrière au violon et Jeanno Jory au sax. Martin Saccardy (trompette) et Paul Jothy (percus) les ont rejoints récemment.
Cave canem, premier disque studio de cette nouvelle formation, continue d’ignorer superbement le concept douteux de « sono mondiale » ou de fusion-confusion et explore de manière bancale les traditions planétaires sans aucune exclusive (on trouve sur Cave canem un titre « purement » roumain-latino…). Les Pires bénéficient d’un atout de taille : si les matériaux dont ils disposent sont du domaine public, leurs assemblages rélèvent du voyage imaginaire, du rêve et peut-être, pour les puristes, de la foutaise. Ils s’en moquent. Jadis ils se sont autoqualifiés de folkeux alternatifs. C’était pour rire, certes, mais aussi pour démontrer que loin de reprendre scrupuleusement le vaste répertoire des musiques traditionnelles ils savent aussi, tout en lui injectant une bonne dose d’énergie post-punk, lui offrir de nouvelles possibilités. Cave canem comprend des titres déjà éprouvés sur scène (Kantik ou Die Heimat melodie figurent sur En piste, live paru en 1997) et d’autres conçus au studio Acousti. Si cet opus tourne rond sans tourner en rond, on le doit à une entente parfaite entre les membres du groupe et à la présence d’invités inespérés, notamment leur voisin de studio John Greaves (bassiste mémorable de Henry Cow) qui interprète ici une chanson du trop rare Marcel Kanche. En onze rounds bien sentis, entre les arrangements desquels on aurait du mal à passer une feuille de papier à rouler, le quintette assoie et légitime sa démarche, gagne en légèreté ce qu’il perd en dérision et rappelle opportunément aux chiens dont il faut se garder que nous sommes tous des « métèques ». En se concentrant sur les mille possibilités offertes par l’acoustique pas un watt d’électricité ici , Les Pires aboutissent à une cuisine nouvelle et enthousiasmante. On a déjà entendu ça, mais où ? Dans un monde meilleur ? Nulle part ? Partout ailleurs.
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