Jamais un album
de deuil n’aura
été aussi joyeux
et conquérant
que Ring n’Roll,
premier exercice
solo de Catherine
Ringer après
les Rita Mitsouko : entretien.
Votre passage dans le cinéma porno vous poursuit-il encore aujourd’hui ?
Dans la mesure où j’en ai parlé ouvertement au début de ma carrière, ça a eu l’avantage de désamorcer le sujet. Mais si c’était à refaire, franchement, je ne tournerais pas ces films. Je n’en ai aucun bon souvenir. Ça correspond à une période de ma vie où je me suis laissée entraîner dans un trip, où j’étais dépendante mentalement de quelqu’un. J’ai fait ça comme tout ce que je fais, professionnellement. On disait à l’époque que c’était une nouvelle forme d’art. C’était les années 70. Là où ça pourrait devenir un problème, c’est si quelqu’un de très bien-pensant, un intégriste quelconque, voulait me casser la gueule parce que j’offense son idée de la morale.
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Gainsbourg vous avait agressée verbalement sur un plateau télé…
Ce qui m’a choquée alors, c’est que cet homme qui s’ingéniait à projeter une image de vieux pervers bien vicelard puisse soudain jouer les pères-la-pudeur, me traiter de “pute” et de “salope”. J’étais stupéfaite de sa réaction parce que pour moi il était l’exemple même du mec décoincé qui chantait, par exemple, 69 année érotique, des trucs comme ça. Je mets ça sur le compte de son côté provoc. Je ne lui en ai jamais voulu. Je vais vous avouer une chose : une fois, je me suis même retrouvée assise sur ses genoux. Il était venu au Printemps de Bourges pour filmer les Rita sur scène. Mais comme on trouvait qu’il était aussi mauvais cinéaste que génial chanteur, on a été catégorique, on a refusé, Gainsbourg ou pas. Et puis on ne se sentait pas encore au top en live. Il a tapé un scandale : “Quoi ? Mais pour qui ils se prennent, ceux-là ?” Alors je suis allée le trouver, je me suis assise sur ses genoux pour le gratter sous le menton. Il est devenu tout miel.
Vous avez parlé de “troisième âge” pour dire où vous en étiez en ce moment, une expression généralement associée à la sénilité.
Certes, 53 ans c’est pas la vieillesse. Mais je n’en suis pas moins soumise à la loi des cycles, qui chez une femme compte beaucoup. Pour autant, je ne me plains pas : j’ai une ménopause passionnante, avec tantôt des envies de faire l’amour, tantôt des sensations qui me ramènent à l’enfance. Je retrouve des ambiances, des odeurs qui m’évoquent des moments de ma vie avant la sexualité. J’en suis ravie. En plus, je suis plutôt en forme. Je m’entretiens. Si Tatie Cathy a un conseil à vous donner, c’est celui-ci : faites des étirements, musclez-vous, luttez contre l’avachissement ! Sincèrement, je suis heureuse d’être une senior. Je ne regrette pas ma jeunesse. J’ai eu une vie merveilleuse. Aujourd’hui je ne suis pas la plus à plaindre, j’ai mes musiciens, une équipe, de la chaleur autour de moi. Surtout, j’ai la chance de pouvoir continuer d’exercer mon métier, d’avoir fait ce disque dont je suis fière et de partir en tournée. C’est comme ça.
Concerts : le 18 mai à Alençon, les 19 et 22 à Paris (Cigale), le 21 à Reims, le 25 à Clermont- Ferrand… (en tournée jusqu’au 5 août, dates sur le site officiel de Catherine Ringer)
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