D’une qualité et d’une constance remarquables, le clown triste Cass McCombs ajoute un nouveau chapitre à sa discographie. Avis aux fans inconsolables de Nick Drake et Elliott Smith.
Depuis son premier album en 2003, Cass McCombs a partagé la scène avec la crème de ce qu’on nomme le “rock alternatif” aux Etats-Unis : Ariel Pink, The War On Drugs, Arcade Fire ou encore les Shins. Pour des raisons qui dépassent l’entendement, le quadra californien n’a pas (encore) atteint le même statut que ses pairs, il continue néanmoins de peaufiner, dans l’ombre, des pépites largement à la hauteur de leurs efforts respectifs. Prolifique, cet antihéros méconnu du folk américain n’a pas à rougir devant la ribambelle d’albums qu’il a signés depuis une quinzaine d’années.
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Illuminer le mois de février
Pour annoncer la sortie à venir du neuvième, Tip of the Sphere, qui s’apprête à illuminer le mois de février, Cass McCombs nous a fait parvenir un communiqué de presse déguisé en dossier psychiatrique dont le songwriter est l’objet. Souvent drôle (Cass y apparaît comme un patient en plein délire), parfois tragique (les pulsions suicidaires et l’automutilation sont évoquées), ce document, écrit par un de ses vieux amis pour blaguer, mélange réalité et fiction. “On est tous les deux assez sceptiques sur la façon dont beaucoup de gens font leur autopromo, explique Cass. On avait envie de contourner ça.”
« Une chanson est un concept impalpable »
Ne pas emprunter les chemins habituels, c’est précisément le mode de vie de cet Américain attachant, comme l’illustrent le titre paradoxal de son nouvel album (Tip of the Sphere, le sommet de la sphère) et, plus globalement, sa façon de composer :
“J’entends certains artistes déclarer : ‘Voici comment fonctionne mon processus créatif, étape par étape.’ J’essaie de ne pas me limiter à une seule façon de faire. Pour moi, une chanson est un concept impalpable et elle n’est jamais vraiment terminée. A un moment donné, après plusieurs mois d’existence, je l’enregistre, mais elle continuera à évoluer sur scène, à avoir sa propre vie. Les morceaux de mon nouveau disque ont été écrits, pour la plupart, à l’époque de Mangy Love (son album précédent, sorti en 2016 – ndlr) et je les joue depuis des années en concert.”
Il aura suffi d’une dizaine de jours dans un studio de Brooklyn pour les enregistrer.
« Un son épuré, dénudé »
En équilibre fragile entre la tourmente et l’apaisement, ces morceaux s’inscrivent dans la digne descendance d’Elliott Smith et de Nick Drake. Un piano désabusé (Absentee) et des mantras aux frontières de l’electro (American Canyon Sutra) viennent agrémenter les folk songs teintées d’americana qui constituent la majorité de cet album. “Je cherchais un son épuré, dénudé, explique-t-il. J’aime enregistrer sur le vif avec les autres musiciens pour avoir une énergie live, surtout pas un instrument après l’autre.” On ignore combien de mélodies renversantes (comme ici sur la foudroyante The Great Pixley Train Robbery, l’intimiste Sleeping Volcanoes ou l’aérienne Estrella) Cass McCombs devra encore écrire avant de trouver la reconnaissance qu’il mérite.
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