L’Amérique qui tue : Cass McCombs, héros méconnu du XXIe siècle, rédige un éblouissant chapitre de folk made in the US. Critique et écoute.
Parce que l’intéressé avait exigé, pour la promotion de son nouvel album, qu’on lui transmette les questions par courrier postal, on avait envoyé, il y a quelques semaines, une série d’interrogations rédigées à la main à Cass McCombs, dans sa maison de Californie. La faute à La Poste, aux aléas de la vie ? On n’a jamais reçu les réponses qu’il jure pourtant avoir envoyées à son tour. C’est triste car, de notre côté, c’était une lettre d’amour.
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Depuis les premiers accords de Catacombs, le disque qu’il dévoilait il y a deux ans, notre coeur bat pour McCombs comme il ne bat pour personne d’autre : on l’aime plus que les autres garçons, on revient toujours à sa porte, on se lèverait la nuit pour un de ses refrains. A l’époque, quoique méconnu en France, McCombs publiait déjà son quatrième album, se positionnant par la même occasion entre Adam Green et Bright Eyes, Sufjan Stevens et M. Ward.
Le cinquième, qui paraît ces jours-ci, ne va pas arranger les choses : Wit’s End commence avec ce qui sera peut-être le plus beau morceau de 2011. Enrobé dans une production de velours, County Line est un slow, un vrai, avec une mélodie qui tourbillonne et provoque des papillons dans le ventre, un chant qui invite au câlin, des arrangements lents et sensuels, une basse qui fait des bisous dans le cou.
La suite est tout aussi éblouissante : de The Lonely Doll, qui rappelle que McCombs est le plus légitime héritier de Leonard Cohen aujourd’hui, à Memory’s Stain, Cass offre à sa voix – une des plus belles venues de l’Ouest américain ces dernières années – des flacons raffinés, des parures en soie.
Virevoltant sans cesse entre folk et soul, il fait évoluer ses morceaux dans une veine mélancolique sans jamais céder à l’appel du songwriting pleurnichard. Ses titres, fragiles et complexes à la fois, évoquent Satie, Lambchop ou les Tindersticks. Une des questions qu’on voulait poser à l’ami américain est encore valable s’il lit ces mots : “Cass, will you marry me?”
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