L’histoire ne dira jamais si nous tenions là une nouvelle étoile de la musique électronique. Nous répondrons donc à sa place : à l’évidence, oui. Christian Morgenstern travaillait sur ce disque hanté de voix fauves quand il a disparu, à 27 ans, l’été dernier. Bidouilleur de génie sur ordinateur, Christian Morgenstern s’était peu à peu […]
L’histoire ne dira jamais si nous tenions là une nouvelle étoile de la musique électronique. Nous répondrons donc à sa place : à l’évidence, oui. Christian Morgenstern travaillait sur ce disque hanté de voix fauves quand il a disparu, à 27 ans, l’été dernier. Bidouilleur de génie sur ordinateur, Christian Morgenstern s’était peu à peu mué en musicien accompli, capable de profiter de la longueur d’un album pour y dévoiler ses capacités. Avec cet ultime album cherchait-il à rédiger le rapport sur l’état de l’électronique en Europe ? La diversité de sons et la profusion d’idées qui transpirent de ce Carolea étaient déjà au générique de Hawaii Blue, son album de 2001 sur lequel ses origines techno se faisaient bousculer par des aspirations electro pop ? une trajectoire parallèle au parcours de sa consœur berlinoise Ellen Allien.
Au moment de sa mort, il semblait se concentrer sur les compositions, laissant des alliées féminines se dépatouiller dans un féroce combat contre les machines. Si sa personnalité hors du commun restait traumatisée par les années 80 (Mother, Violence), son compteur ne reste pas pour autant bloqué sur cette décennie, comme en témoignent les tentations breakbeat de UZ, le tube techno d’appellation d’origine contrôlée d’outre-Rhin (Wasn’t You), la lounge-music pour igloo (Void) et la jolie-electro-pop acoustique de Holy. Suffisamment d’imagination et de générosité pour l’imaginer produisant Madonna en 2006. Las. Son premier album s’appelait Death Before Disko. On aurait préféré qu’il l’appelle Death After Disko.