Le carnet electro (44)

• NEWS : Detroit en banqueroute, un directeur de festival réagit

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Changeons d’image sur Detroit ! C’est ce que semble demander Sam Fotias, un promoteur bien connu dans la ville, puisqu’il a remis sur les rails l’emblématique Detroit Electronic Music Festival, lancé par Carl Craig en 2000. Alors que la cité qui a vu naître la techno dans les années 1980 se trouve en état de faillite depuis juillet, Fotias demande à tous de positiver : « Il y a ce que les gens lisent dans les journaux mais il y a aussi cette renaissance. (…) Il y a un projet de tramway sans précédent, des galeries d’art et des restaurants qui ouvrent. Et une jeunesse dynamique qui n’en a rien à foutre de la politique au sens large. (…) C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la ville, un territoire inexploré que nous embrassons. Nous aimons notre ville et notre amour pour Detroit a guidé chacune de nos décisions. Nous sommes très fiers d’où nous venons. »

• ALBUM : Laurel Halo – « Chance Of Rain »

Alors que l’un des principaux matériaux de Quarantine était sa voix, Laurel Halo a pris le parti de se taire sur son second opus. Ses doigts de fées ont pris le relais. Alors que les néophytes tenteront de s’accrocher aux moments les plus techno ou jazz comme à des bouées, on essaiera au fil des écoutes de comprendre ce que cette IDM d’ascendance industrielle raconte à notre cortex. Rien de menaçant en fin de compte, juste un langage post-extraterrestre, beaucoup plus réfléchi que bêtement bruitiste, dont on ne peut que saluer la bravoure.

• CLIP : Major Lazer – « Jet Blue Jet »

On pourrait parler de fonds de commerce. On évoquera pudiquement une sensibilité, une obsession : Major Lazer aime les culs, les fesses, les derrières et autres arrière-trains, parfois les boules, de temps en temps les croupes, souvent les miches et les popotins. Le nouveau clip de la bande à Diplo ne déroge pas à la règle, même si les puristes pourront déplorer l’apparition de jolis dos tatoués (et pas seulement le bas), de poitrines chastement couvertes de jolis bras tatoués et de jolies bouches non tatouées d’où s’échappent, languides, des volutes de jolie fumée. Major Lazer sera en concert à l’Olympia le 6 novembre dans le cadre du Festival les inRocKs.

• MIX : Lord Raja – Halloween Mix

Que nous a concocté le petit protégé de Ghostly pour la fête des morts ? Une sélection bien vivante de sons beats et bass, syncopés et dissonants comme il se doit. Difficile dans ces scènes foisonnantes de distinguer qui fait quoi et Lord Raja ne déflore pas le secret. On peut néanmoins dire que Kendrick Lamar croise Martyn et en soi, c’est déjà une bonne raison de jeter un coup d’oreille à ce mix plus carrosse que citrouille, téléchargeable qui plus est.

• REMIX : Donny Hathaway – « Little Ghetto Boy » (Herr Styler Remix)

A l’initiative d’Atlantic Records, une anthologie consacrée au chanteur soul américain Donny Hathaway paraîtra dans les prochaines semaines. Il devrait comprendre une poignée de remixes, dont une merveille signée Herr Styler, téléchargeable à l’envi. Bien que respecté dans l’esprit, l’original est totalement remanié, refondu, grâce à des séquences rythmiques inventives, tandis que les arrangements sont mis en retrait. A l’aise pour détourner les œuvres de jeunes pousses, le duo installé à Paris fait mouche cette fois-ci en remisant une exquise vieillerie.

• TELECHARGEMENT : Jeremiah Jae – « Fun »

Jeremiah Jae en dit plus aujourd’hui sur son entrée sur la planète Warp. Elle débutera par Dirty Collections, une série de trois EP vinyles. Le beatmaker de Chicago offre aujourd’hui un morceau du premier volet « dirty ». Bien moins amusant que son titre le laisse présager, Fun présente une face sombre et inquiétante de l’Américain qu’on a connu d’humeur plus soul chez Brainfeeder. Ici, c’est l’âme des bas-fonds qui s’exprime en lame de fond. Ou les bas-fonds de l’âme. En tout cas, les internautes ont l’air à fond.

• NEWCOMERS : Christine

Dans la sélection pas toujours facile d’approche de cette semaine, Christine fera figure de grosse Bertha. Par prévention, précisons, que son mélange anarchique de dubstep (tendance filthy), de rock symphonique et de hip hop peut provoquer quelques saignements d’oreilles. Après avoir sorti leur premier EP Catharsis et sillonné toute la France, le duo rouennais balance à nouveau la sauce avec un six-titres monolithique mais efficace, Death On Wheels. Une déferlante sonore, à ranger du côté de Tha Trickaz, qui renvoie le turntablism de complaisance dans les cordes.

• RETRO : En 2007, Lou Reed se tournait vers l’ambient

Inutile d’en rajouter ici sur l’empreinte laissée à jamais par Lou Reed dans l’histoire la musique moderne. S’il n’a pas joué de rôle dans l’évolution de la musique électronique, il est intéressant de se replonger dans Hudson River Wind Meditation. Sorti en 2007, l’ultime album du poète punk, est une œuvre instrumentale étonnante, plus proche de Time Wind de Klaus Schulze que de son autre album expérimental Metal Machine Music (les deux sont parus en 1975). Lou Reed l’a composé pour sa propre pratique du Tai Chi. En extrapolant, on peut considérer ces bruits blancs comme une révérence discrète à l’industrie du disque, sauf s’ils inspirent d’abord un ennui profond.

http://www.youtube.com/watch?v=VAQXMgOqgGI