Moreno Veloso poursuit sa rénovation du langage musical brésilien avec ce projet généreux et festif.
Au début du XXe siècle, faire la fête à Rio de Janeiro signifiait presque toujours rejoindre une salle de bal, appelée Gafieira, où le temps d’une danse à la mode – maxixe, tango ou charleston – les différences sociales et raciales semblait s’estomper. C’est ainsi qu’apparut la samba de Gafieira, genre parachevant cette petite œuvre de désenclavement par un allègre pétrissage de tout ce qui tombait dans le cornet à piston, ou dans les ouïes de contrebasse, de musiciens sans entraves. Un siècle plus tard l’Orquestra Imperial se rabiboche avec cette tradition désertée sans en compromettre ni l’esprit ni la vocation festive. Initié par Moreno Veloso, fils de Caetano, et suivi par une phalange de vingt musiciens aux attributions variées (de la flûte traversière aux percus électroniques), ce projet réactualise un mode de réjouissance porté à l’ouverture, mot qui aujourd’hui rendrait plutôt méfiant mais qu’il faut considérer ici dans toute sa généreuse intelligence. De fait, cet album est l’exact contraire d’un fourre-tout. On y trouve certes de la samba de carnaval, du cha cha cha, du mambo et même une version “pain de sucre” du fameux Popcorn (sur scène l’Orquestra reprend aussi Black Sabbath, Yes et Nirvana) mais admirablement produit et arrangé et surtout sans démonstration sinon celle, presque involontaire, de tout “sensualiser”. Pas moins de cinq chanteurs y sont à l’œuvre dont le vétéran Wilson das Neves et l’actrice Thalma de Freitas, interprétant en français un Rue de mes souvenirs très Saint-Trop’ années 60. Et à chaque fois, c’est comme si un petit cupidon coiffait une toque de chef pour faire revenir à feu doux la vieille recette du plaisir carioca.
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