Carl Craig, légendaire producteur de Détroit, et directeur artistique de son festival de musiques électroniques a été limogé deux jours après la fin de celui-ci. Explications.
A l’entrée de l’un des shows du DEMF, Detroit Electronic Music Festival, un célèbre inconnu essaie de rentrer sans payer. Et pour cause: « Je suis Jeff Mills » dit-il au videur. « J’en ai rien à foutre, je connais pas » s’entend-il répondre.
Cette anedocte racontée hier sur les ondes de Nova par Laurent Garnier illustre un peu l’ambiance de la dernière édition de ce festival qui s’est tenue du 26 au 28 mai. Carl Craig, légendaire producteur de Détroit, directeur artistique de ce festival, a été limogé deux jours après la fin de celui-ci.
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Les différends qui l’ont opposé à Carol Marvin, productrice du festival, ont été à l’origine de son renvoi. Carl Craig n’a pas pu signé à temps 18 des 73 artistes qui devaient joué, et le festival a globalement manqué d’organisation.
Néanmoins le renvoi de Carl Craig risque d’être beaucoup plus nuisible au festival que sa gestion maladroite. L’aura de ce producteur est telle dans le monde de la musique électronique qu’elle a rejailli sur ce festival pour lui donner de la crédibilité. Ce dernier s’est imposé comme étant le plus prestigieux festival du genre et le symbole de l’importance de Detroit dans l’histoire de la techno, où Carl Craig, fils spirituel de Derrick May entre autres, tient une place primordiale.
Ce festival qui n’a que deux ans, est pourtant particulièrement important pour la renommée de la musique électronique aux Etats Unis. Beaucoup d’artistes américains ont dû s’exiler en Europe pour trouver une reconnaissance, et, ce festival qui a vu défiler notamment Derrick May, Stacey Pullen et Richie Hawtin, est une des rares occasions qui leur permettent d’acquérir de la notoriété aux Etats-Unis.
De nombreux artistes se révoltent contre cette décision et apportent leur soutien à Carl Craig en menaçant de ne pas jouer l’année prochaine. Beaucoup craignent que le festival perde sa raison d’être avec le renvoi de son principal initiateur. Celui-ci vient d’engager une procédure judiciaire contre les organisateurs du festival.
Les retombées économiques sont très importantes pour la ville de Detroit. Chaque année 1,5 million de personnes se déplacent pour s’y rendre et chacun dépense en moyenne 160 dollars. Nulle doute alors que pour une fois, les musiques électroniques seront prises très au sérieux par les autorités de la ville dans cette affaire.
Pour en savoir plus :
www.laresistancedetroit.com
www.getrealdetroit.com
www.sfbg.com
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