Le musicien français est de retour la tête dans les étoiles avec un troisième album solo captivant. Son meilleur à ce jour.
L’obsession de Jean-Benoît Dunckel pour le cosmos remonte au temps où il ramassait déjà les étoiles lors de son premier safari lunaire avec son acolyte Nicolas Godin. C’était en 1998, il y a des années-lumière. Le Versaillais est resté l’“electronic performer” qu’il évoquait sur 10 000 Hz Legend (2001), album le plus ambitieux et le plus complexe dans la discographie du groupe qui écrivit certaines des plus belles pages de la French Touch.
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L’après-Air sera pourtant une période d’errance musicale : décevant avec son premier album solo, Darkel (2006), puis de nouveau fascinant à l’occasion de sa collaboration avec Jonathan Fitoussi, Mirages (2019). Il y eut aussi son travail sur plusieurs bandes sonores de films, comme Été 85 (2020) de François Ozon, ou le documentaire inspiré de l’ouvrage de l’économiste Thomas Piketty, Le Capital du XXIe siècle (2019)… Mais retenons que Carbon succède à H+, autre disque solo paru il y a quatre ans et qu’il en est son double inversé.
“Le carbone, c’est l’élément du siècle”
Tels les deux disques d’or fixés en 1977 sur les sondes Voyager 1 et 2 (contenant images et sons de la Terre à destination des confins de notre système solaire), ces deux albums ont pris des trajectoires opposées. H+ décrivait une vision positive du futur, où l’être humain serait sauvé par la science, un rêve d’artiste augmenté·e célébrant le transhumanisme et les dieux de silicium que deviendront nos ordinateurs.
Carbon se recentre sur l’humain et le vivant. “Pendant le confinement, j’ai ressenti cette attraction, cette dépendance à la nature. Le carbone, c’est l’élément du siècle. Associé à l’hydrogène, c’est dans notre structure moléculaire, c’est l’âme qui habite notre corps. C’est un élément très stable, constant, universel, qui voyage pour se recombiner dans le cosmos”, explique JB Dunckel.
Dunckel embarque ses synthés fétiches, un glockenspiel et des marimbas pour un voyage vers l’inconnu
Il y a quelque chose de profondément captivant dans cet ambient cosmique mixé en Dolby Atmos. Dunckel embarque ses synthés fétiches, un glockenspiel et des marimbas pour un voyage vers l’inconnu. Ce disque habité trace son itinéraire à travers l’éther musical – dérivant au travers de nappes de claviers scintillantes, glissant sur un minimalisme electro ponctué de chants murmurés avant de rebondir sur les rares beats de titane présents sur sa trajectoire (Dare).
Mention spéciale à Space et au chant envoûtant d’Heather D’Angelo (Au Revoir Simone). Passés au carbone 14, ces neuf morceaux se révèlent intemporels. Au bout du voyage, une humanité retrouvée, avec ses peurs et ses grandes espérances.
Carbon (Prototyp Recording/Bigwax). Sorti depuis le 24 juin.
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