Quiconque tombe un jour ? généralement à la renverse ? sur un disque de la harpiste de jazz Dorothy Ashby décide de croire aussitôt à l’existence des fées, aux oiseaux de paradis qui auraient élu pour reposoir ces filins d’acrobates où la dame promena jadis ses doigts. En lui dédiant un titre du huitième album […]
Quiconque tombe un jour ? généralement à la renverse ? sur un disque de la harpiste de jazz Dorothy Ashby décide de croire aussitôt à l’existence des fées, aux oiseaux de paradis qui auraient élu pour reposoir ces filins d’acrobates où la dame promena jadis ses doigts. En lui dédiant un titre du huitième album de ses High Llamas, Sean O Hagan livre un nouvel ingrédient d’une cuisine musicale riche et complexe ? bien qu’excessivement légère ? dont certains goûteurs expéditifs ne veulent retenir que la dominante Beach Boys/Steely Dan. Can Cladders, plus fin et abouti que les deux ou trois précédents services, n’annonce toutefois aucune révolution de palais. On s’y promène toujours avec l’assurance d’humer ces effluves pop surannés, parfums caressants revenus d’époques où songwriters et orchestrateurs marchaient main dans la main au dessus des nuages, portés par un désir philanthrope d’éblouir et d’égayer le bas monde à coups de plumes et de baguettes.
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Malgré la maigreur des moyens ? les cordes semblent avoir été enregistrées à Abbey Road, mais dans les toilettes ?, on reste admiratif face à tant d’ingéniosité, notamment sur le très surprenant Honeytrop, pirouette anachronique qui fait remonter le ska aux années 20, jumelant Kingston et Broadway. Autant à son aise dans les grands falbalas façon Van Dyke Parks que dans les comptines pour transistor en plastique de Stereolab, Sean O Hagan confirme avec ce disque aux nombreux trompe-l’œil son statut unique de grand rassembleur et d’illusionniste postmoderne. La seule question qui demeure est : cela intéresse-t-il encore quelqu’un ?
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