Fraîchement débarqué en 2003 dans le paysage des festivals d’été, Calvi on the rocks a dès le départ choisi le parti-pris du festival à taille humaine, les pieds dans l’eau. Ambiance familiale et bonne humeur et programmation artistique iconoclaste s’imposent comme les lignes directrices de cette deuxième édition. Morceaux choisis de 4 jours et 4 nuits au grand air.
Arrivés par le Mega ferry dès le mercredi, on a le temps de s’installer en douceur sur l’île de beauté. En fin d’après midi on grimpe à la Citadelle jusque Chez Tao, lieu mythique des nuits calvaises depuis les années 30. On y croise Neneh Cherry en pleine répétition pour le lendemain avec toute la famille, comme à la maison.
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Plus tard, fête nationale oblige, on a droit au traditionnel bal des pompiers organisé pour l’occasion avec les DJ de la Favela Chic, experts des ambiances « caliente ». Sorte de soirée d’ouverture, le bal populaire a lieu sur le parking au pied de la Citadelle et regroupe un public des plus hétéroclites. Parmi les estivants, des pompiers et légionnaires en uniformes sirotent leur verres pendant que la jeunesse locale, à la recherche d’un peu de collé serré, commence à remplir le bitume reconverti pour la soirée en piste de danse. Perdu au beau milieu de ce petit monde, une smala de parisiens principalement composée de médias, organisateurs, labels et artistes commence à se détendre doucement. Sur le chemin du retour à l’hôtel, quelques pilotes de rallye locaux nous en disent un peu plus sur le style de conduite nocturne pratiqué dans la région’
Le truc vraiment bien en Corse, c’est que contrairement à notre chère capitale, on a la quasi assurance d’avoir du beau temps et donc de commencer sa journée par aller à la plage. En ces temps incertains, cela permet de voir les choses sous un tout autre angle. Pour l’après-midi, le festivalier à le choix entre 2 plages : celle de l’Octopussy, plage privée branchée et celle de la Favela, en contrefort de la petite voie ferrée qui longe le littoral.
Particulièrement réussi, ce petit campement de hippys numériques accueille pendant quatre jours les siestes musicales animées par le team Favela chic et ses nombreux invités, dont l’incontournable Rémi Kolpa Kopoul. Accompagné de 2 charmantes amies, l’animateur mythique de Radio Nova offrira à nos oreilles une sélection impeccable mêlant sonorités tropicales, rythmes jazzy et mélopées électroniques.
Par un mauvais concours de circonstances, on ne verra pas le concert de soutien de A Filetta, organisé dans la cathédrale St Jean située dans la vieille Ville. On s’en voudra d’avoir raté le seul concert de polyphonies corse du festival, très réussi au dire de ceux qui avaient eu la chance de pouvoir rentrer dans la cathédrale sur-bondée pour l’occasion. Carton rouge à nous même.
Qu’à cela ne tienne, on se rattrapera au Théâtre de Verdure qui accueille à partir de 22h la première des 3 grosses soirées du Festival. Arrivés pour Vegomatic, on se dit qu’il n’y avait pas de quoi se presser. La prestation scénique à la sauce électrosurf revendiquée des parisiens, ne convainc pas réellement : trop de pose et peu d’énergie. Comme si les compos, pourtant attachantes, de l’album avaient perdu leur substantifique moelle pendant le voyage.
Heureusement la tête d’affiche de la soirée, Neneh Cherry nous à préparé une Jugula Session qui va vite renverser l’ambiance. Tous les ingrédients du show rap sont présents, MC Sweety et les deux DJ du collectif Jugula en tête.
Pendant près de deux heures, Madame Cherry et sa petite famille vont revisiter l’histoire du hip hop dans la joie et la bonne humeur. Les quelques tentatives de morceaux live sur la fin seront malheureusement quelque peu affectées par des problèmes techniques. On est malgré tout bien content d’avoir réentendu Manchild, l’un des premiers tubes rap de nos jeunes années.
Alors que les Dj de la Favela prennent la suite, direction Chez Tao où La Johnson invite Sébastien Tellier pour un concert acoustique suivi de « Mr I’m Everywhere » aka Pedro Winter. Face à un public branché dans un lieu branché servant de la bière à 12 euros, deux options s’offrent à nous : aller se coucher ou se prendre au jeu. Parce que l’endroit est, il faut l’avouer, magnifique, on choisira sans hésiter la deuxième. Si Sébastien Tellier accompagné de Rob aux claviers fait dans le style maison avec son mini set chanson acoustique, le malin Pedro Winter ré-applique avec tact la plus vieille recette du monde pour faire décoller n’importe quelle soirée : enchaîner les tubes. Oscillant entre rap et R n’B, le set de Pedro ne s’interdit pourtant aucun écart vers des ambiances rock ou electro. A 5h30, on commence sérieusement à voir double. Titubant, on traverse pourtant le port facilement en direction de l’hôtel, un peu saoul certes, mais détendu. Extinction des feux.
Après un réveil tardif, mal au crâne oblige, direction la plage pour la même journée que la veille au millimètre près. A l’exception d’un vol de tong inopiné en milieu de journée, rien à signaler, on est toujours au paradis à la Plage Favela. Les enceintes prêchent toujours la bonne parole en proposant une sélection musicale pointue et originale, en adéquation parfaite avec l’atmosphère du campement. Après un dîner au camping des Tamaris en compagnie d’un squad spécialisé dans le repérage de haut vol, retour au Théâtre de Verdure, pile à l’heure pour le superbe cinémix de DJ Oof aka Fred Elalouf. Le grand manitou de l’agence de promo Ping Pong travaille sur ce projet depuis près de deux ans et ça se voit aussi bien que cela s’entend.
A présent bien huilée, la rencontre images, son et dialogues fonctionne au quart de tour. Suivent Hexstatic, ambassadeurs du mix son et images pour Ninja Tunes. Les deux anglais exécutent une performance impeccable, dansante à souhait et toujours en corrélation directe avec les visuels. Le Groove is in the heart de Dee Lite fonctionne toujours à merveille sur le dancefloor et résume à lui seul l’esprit du set de Hexstatic.
Contrairement à ses dernières dates, l’éblouissante Feist est venue seule ce soir, juste accompagnée de sa flamboyante Guild. Le charisme et la dextérité de la canadienne font inévitablement mouche auprès du public. Son jeu de guitare tout en nuance et en précision illumine à merveille ces petites comptines folk. La demoiselle a assurément de beaux jours devant elle.
Virage à 180 degrés avec Dj Kantès aka Sporto Kantes qui accapare lui aussi rapidement l’attention du public, grâce à un très beau live électro-dub aux influences corses et multi-ethniques. Kantès fait vraiment parti de ses artistes iconoclastes et talentueux qu’on aimeraient voir programmés plus souvent.
En ping pong avec Outlines, le souriant et sympathique Dj Medhi applique ensuite la même formule que son manager Pedro W. De Dre au Wu Tang en passant Sugarhill Gang, tous les standards du hip hop y passent. Si le puriste peux toujours regretter le manque d’originalité, le tranquille festivalier de Calvi se pose pour sa part moins de question et se dit juste que c’est aussi ça la fête. Alors que les plus motivés se rendent à l’Acapulco, méga-discothèque avec Piscine et lightshow laser pour l’after show de La Johnson avec Alexander Robotnick, Daniel Wang et Pedro Winter, on préfère faire le vieux pour garder des forces et profiter pleinement de la journée du lendemain. Petit joueur le clubber du vendredi soir
En ce samedi matin, les « emplois du temps » commencent à se décaler sérieusement. Alors qu’on se lève à 11h pour avoir le temps de profiter d’une petite ballade dans la région, histoire de changer un peu, on croise quelques connaissances qui rentrent tout juste se coucher. Les petites plages situées avant l’Ile Rousse offrent une magnifique alternative à la grande baie peuplée de Calvi. Elles sont idéales pour passer deux-trois heures tranquilles sans aller trop loin. Histoire de changer de point de vue en milieu d’après midi, direction le petit village de Calenzana dans les hauteurs. Point de départ du GR 20, Calenzana s’est comme arrêté dans le temps.
C’est aujourd’hui le parfait endroit pour « chiller » à l’écart de la ville, avant la dernière soirée préparée par l’équipe des soirées Panik. KCPK, soit Christophe et Fabrice, les deux organisateurs des Panik à l’Elysée Montmartre ouvrent le bal. On arrive un peu trop tard pour leur dernier titre au psychédélisme orchestré par les Chemicals Brothers. Rob Birch, plus connu en tant que chanteur des Stereo MC’s prend le relais pour un set hip hop / break beat typiquement anglais, appuyé, comme l’ensemble de la programmation de ce deuxième Calvi on the Rocks, par les superbes images de Milosh. Artiste pluridisciplinaire, ce talentueux VJ mixe des séquences vidéos différentes pendant chaque performance, tout en incluant des vues de Calvi et Paris à sa base d’images numériques.
Paul Santoni aka DJ Paul a beau être reconnu dans la région de Marseille, il est ce soir en terrain inconnu et ne semble pas équipés des bons disques pour l’heure à laquelle il est programmé. Comme Rob Birch auparavant, Paul n’arrive pas vraiment à faire décoller la soirée avec son electro-tech pourtant bien mixée.
Ceux qui ont déjà vu Peter Kruder savent que les choses vont vite changer. Remixeur émérite, moitié de Kruder & Dorfmeister, fondateur de Peace Orchestra et accessoirement chéri de Melle Agnès, Kruder n’aura besoin que de quelques minutes pour emmener tout le monde avec lui. Dès les premiers disques, il impressionne autant de maîtrise technique dans ses enchaînements que de classe dans le choix des titres.
Passant malicieusement de la house aux sonorités brésiliennes et electro, le set de Kruder groove à 3000% sans aucun disque connu (à part peut être un remix du classique Jaguar de UR qui retentira plus d’une fois ce soir). Moins « tech » qu’aux Transmusicales de Rennes en décembre dernier, son set est ce soir tout aussi adapté à l’esprit du festival.
C’est peut être ce qui fait perde la tête de la douce Melle Agnès, qui décide d’exécuter une performance sur scène. Manifestement une peu mûre, la Melle Mode de Canal+ tombe vite dans le pathétique dès qu’elle se met à brailler. Mais comme par magie, au bout de 10 minutes alors qu’on atteint les frontières du ridicule, la demoiselle recule et se prend les pieds dans le retour. Après un beau soleil, voilà notre Agnès, les quatre fers en l’air, toute sonnée à terre mais sans bobo.
Aux premières loges, Lady B, qui attend impatiemment que Kruder termine son set (qu’il n’a pas souhaité écourter malgré le retard important accumulé ce soir) s’en bidonne encore. Le niçois a la lourde tache de clore le bal après l’autrichien alors que le jour pointe le bout de son nez. La situation ne pose en fait aucun problème à ce vieux de la vieille du circuit techno. Faisant preuve lui aussi d’une technique solide, Bruno et son électro éthérée emmènent avec intelligence et habileté les derniers danseurs rencontrer le soleil.
6h30, fin des hostilités, les 100 derniers éveillés s’éparpillent dans les rues de Calvi qui se réveille doucement.
Le Dimanche est en général un jour bizarre pour beaucoup de gens. Le principe s’applique également à Calvi puisqu’il marque pour bon nombre d’entre nous le dernier jour sur l’île de beauté et le retour à la capitale. Rien de bien motivant donc. La Plage Favela est LE lieu de ce dernier jour de festival puisqu’elle accueille, dans son cadre idyllique, la soirée de clôture de cette deuxième édition de Calvi on the rocks jusqu’à minuit. Nous n’aurons pas la chance de profiter une dernière fois du coucher de soleil sur la baie puisqu’un ferry nous attend à 21h à Bastia. A 18h, nous repartons en voiture pour un magnifique périple côtier de 2h de Calvi à Bastia, histoire de s’en mettre plein les yeux encore une dernière fois.
Calvi on the Rocks s’achève ainsi après 4 jours de fêtes et de moments magiques. On ne vient pas à Calvi pour y voir les artistes electro les plus pointus mais réellement pour passer du temps dans un endroit vraiment beau. Si le festival semble avoir trouvé sa formule au théâtre de Verdure et à la Plage Favela, il devra l’année prochaine trouver un moyen d’attirer un public plus nombreux afin de pérenniser son existence. Par exemple en programmant un chaque soir une tête d’affiche plus grand public afin d’attirer plus de vacanciers et habitants de la région.
Bref on pourra toujours trouver quelque chose à redire, alors retenons objectivement un programmation intéressante et ouverte, des lieux agréables, une organisation et une ambiance des plus sympathiques. Menée par une poignée de corse de c’ur et/ou d’adoption (Jean Marie Tassy, Edouard Rostand’), épaulés par les passionnés du label Future Now, Calvi on the rocks assume sa différence. (Aquaplaning, festival du sud de la France aujourd’hui disparu a clairement fait des émules, le côté hyper-spécialiste en moins).
Le jeune festival se démarque en privilégiant le coté familial et humain, à l’opposé des Eurockéennes de Belfort et autres Vieilles charrues. Les trentenaires en devenir (qui ont donc un peu plus de moyens financiers’) y trouveront sûrement plus leur compte que « les kids » de 20 ans, avides de découvertes et de sensations fortes. Il en faut pour tous les goûts. Une dernière chose : le meilleur moyen d’apprécier Calvi on the Rocks est sûrement de prendre une semaine de vacances, louer une maison entre amis, profiter de la région et de ses plaisirs, tout en assistant à des concerts et soirées au gré des envies. En tout cas, c’est exactement ce que l’on fera l’année prochaine !
– www.calviontherocks.com
– www.futurenow.fr
– pour tout savoir sur les autres festivals corses : www.tourisme.fr/calvi; www.ifestival.fr
Merci à toute l’équipe de Calvi on the Rocks, Uzik et Future now pour leur investissement et leur bonne humeur.
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