Dans “Discover“, il y a disque et “cover“, comme disent les Anglo-Saxons pour une reprise. Et c’est le malheur d’Olivier Brion, architecte à la folie raisonnable de ce groupe confit dans la religiosité pop : cette impression de récitation ? certes savante et éloquente ? de textes qui lui sont antérieurs et étrangers. Car si […]
Dans « Discover« , il y a disque et « cover« , comme disent les Anglo-Saxons pour une reprise. Et c’est le malheur d’Olivier Brion, architecte à la folie raisonnable de ce groupe confit dans la religiosité pop : cette impression de récitation ? certes savante et éloquente ? de textes qui lui sont antérieurs et étrangers. Car si la seule reprise authentifiée ici reste le très beau Leave Me Alone de New Order, beaucoup de chansons virent à l’exercice de style doué autour de (Tamla, Surf s Up ). Sur la pochette, Brion (Wilson ?) pose sur une plage, à côté de ce titre California Songs : comme émancipation des Beach Boys, on a connu plus adroit. Car ici, chaque pas dans le sable semble guidé par celui du père fantasmé (l’ancien Yachines est né la même année que Smile et se fait un film en Super-8), ce Brian Wilson dont les labyrinthes vocaux et les mélodies gigognes irradient chaque voltige harmonique, chaque chœur céleste.
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Le problème de Discover est aussi celui de ses compatriotes Louis Philippe ou Fugu : cette difficulté à mettre son grain de sable (de plage californienne) ? et plus encore de folie ? dans l’engrenage de la nostalgie pour les dédales symphoniques de sixties fantasmées. Totalement étranger à son époque et sa géographie, Olivier Brion pratique ainsi l’escapism avec la farouche tendresse des rêveurs éveillés : il chante le retour dans un Los Angeles qui n’existe que dans une chanson des Mamas & Papas, une ballade dans un New York envisagé chez Cassavetes ou tombe amoureux de beautés américaines qui avaient 18 ans en 68. Un front du refus de la France 2004 qui fascine autant qu’il inquiète : comment Brion vit-il au quotidien ? Conduit-il une Ford Mustang ? Fait-il ses courses chez Ralph’s ou doit-il se résoudre à visiter Carrefour ? « Tommy le singe est un petit garçon/Tommy le singe apporte le bonheur estival/Tommy le singe est la beauté même/Tommy le singe a vraiment l’air cool« ? Dans le genre singe savant, on a rarement fait plus romantique et fervent : remercions Discover de promouvoir avec une telle conviction l’utopie de l’été sans fin.
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