Retour pétillant de The Coral, vétérans toujours verts d’une pop éternelle, qu’ils subliment sur Butterfly House. Liverpool, champion d’Angleterre, haut la main, haut les coeurs.
The Coral est ainsi un groupe très sous-estimé, un trésor trop bien caché, avec une fan base impossible à gérer, faite de jeunes scallies, de vieux babas, de buveurs de bière, de fumeurs de joints. Une sociologie éparpillée que l’on décrypte un peu mieux à l’écoute de Butterfly House, leur nouveau et resplendissant album, sorte de Luna Park avec la navette de Retour vers le futur en guise d’attraction vedette.
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Le genre de disque idéal qui permet de comprendre à quel point le port de Liverpool marque non seulement le point de départ de la carrière des Fab Four, mais constitue également, en quelque sorte, l’origine d’un monde, au sens vaginal où Gustave Courbet l’entendait : un passage par où les choses pénètrent et ressortent selon un mouvement continu de va-et-vient très jouissif.
Par ce chenal s’introduisirent en Angleterre, dans les années 50 et 60, les voix divines des groupes doo-wop (The Orioles, The Five Satins, The Ink Spots), la twangin’ guitar de Duane Eddy, les harmonies diaprées des Everly Brothers, le baroque spectorien, le back-beat Motown. En ressortirent Gerry And The Pacemakers, les Searchers, les Beatles, avant-garde de ce que l’on a appelé la British Invasion, ce tsunami à coupes à franges et en bottines vernies qui féconda les groupes psyché américains inventoriés sur la compilation Nuggets, recueil fétiche de Skelly et sa bande.
The Coral résume cette histoire sans pour autant se fondre dans un courant revival. Sur Butterfly House, ils en revisitent certains chapitres, restaurent le style Walker Brothers avec le son Shadows (More Than a Lover), passent les harmonies vocales des Beach Boys à la moulinette britpop (Sandhills), distribuent à la volée guitares carillonnantes à la Byrds (Green Is the Colour, Two Faces) et sons convexes à la Electric Prunes (She’s Comin’ around) avec une tranquille désinvolture. Sans omettre le clin d’oeil obligé aux Beatles avec l’intro du rallye final North Parade, la même que sur A Hard Day’s Night.
Ils font ça sans y penser, comme si reprendre l’histoire par le début leur accordait, grâce suprême, l’innocence. L’auditeur peut alors considérer 1965 non plus comme un bon millésime mais comme un futur immédiat. “C’est notre meilleur album”, assure Skelly, qui voit dans la contribution du producteur John Leckie, un ancien d’Abbey Road ayant travaillé avec Lennon, McCartney, Harrison, Pink Floyd, The Stone Roses ou The Verve, une raison supplémentaire à cet ensoleillement.
Encore que leur attitude n’y est probablement pas étrangère. Hormis le guitariste Bill Ryder-Jones, qui les a quittés il y a deux ans, les lads sont ensemble depuis 1996. “Avec la même envie de faire de la musique”, précise le chanteur. N’ont pas fondé de famille et, une fois leurs guitares débranchées, partagent les mêmes distractions : ciné, foot et barbecues. “Ah oui, et aussi chasser les fantômes qui, à Liverpool, sont encore bien présents.”
Concerts : Au Festival Les Inrocks Black XS, du 5 au 9/11 à Lille, Paris, Nantes et Toulouse
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