De Stanislas Gayefski, alias Stan Getz, on ne connaît très souvent que les succès bossa-nova avec João Gilberto et Charlie Byrd qui ont occulté tout ou partie de son imposant parcours musical. Le réduire au simple saxophoniste de charme pour soirées bourgeoises aseptisées serait bien injuste. Paradoxalement, c’est vers la fin de sa vie que […]
De Stanislas Gayefski, alias Stan Getz, on ne connaît très souvent que les succès bossa-nova avec João Gilberto et Charlie Byrd qui ont occulté tout ou partie de son imposant parcours musical. Le réduire au simple saxophoniste de charme pour soirées bourgeoises aseptisées serait bien injuste. Paradoxalement, c’est vers la fin de sa vie que la musique de Getz fut la plus épanouie, que son jeu atteint la plénitude du son. En témoignent ces deux enregistrements jusqu’à présent inédits. Huit ans séparent ces deux disques en quartette et en public. Le premier, de 1982 (neuf ans avant sa mort), a été enregistré avec le pianiste Jim NcNeely, le contrebassiste Marc Johnson (ancien compagnon de fortune de Bill Evans) et le batteur Victor Lewis au temple du jazz parisien, le New Morning, escale obligatoire de Getz pendant de nombreuses années. Le second, au Festival de jazz de Laren, au Pays-Bas, en compagnie du trio du pianiste Bill Evans (Eddie Gomez, contrebasse ; Marty Morell, batterie) : deux témoignages sur le vif, deux états de grâce. Plus particulièrement sur le Live in Paris, « The Sound » se trouve au sommet de son art ; tout est fougue, tendresse et émotion. Dans les années 50 et 60, pendant que se menaient les révolutions, certains, comme Getz, un brin nonchalant (très cool, pour reprendre l’intitulé du style des années 50 auquel il participa), poursuivaient leur petit bonhomme de chemin malgré quelques chausse-trappes et bleus à l’âme (solitude, drogue, prison, exil). L’art de Getz se situe sur la pente cotonneuse, cet équilibre précaire conquis sur les malversations de la vie et la douleur d’exister. Sa musique est forte et paisible, douloureusement lyrique mais toujours emplie d’une élégance naturelle. Des fées sur son berceau ou quelques suppléments d’âme auront bien fait les choses. « J’ai réalisé il y a peut-être une vingtaine d’années que j’ai reçu de Dieu un don pour rendre heureux les gens durant une heure ou deux, grâce à ma musique.« Ce halo brumeux qui entoure la sonorité ample et chaleureuse de Stan Getz, cette fêlure qui transparaît dans la puissance féline de son jeu en ont ému plus d’un. A l’évidence, le charme agit toujours, plus que jamais. Seules les statues resteront de marbre. Et encore…
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Bill Evans Trio featuring Stan Getz, But beautiful (Milestone/WEA)
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