Réédition de classiques de la débauche mancunienne : rave on !
Un disque peut-il demeurer révolutionnaire vingt ou trente ans après sa sortie ? C’est la première question qui arrive à l’esprit lorsque l’on réécoute ces deux rééditions d’albums des Happy Mondays, qui figuraient à l’époque de leur sortie (1988 pour Bummed et 1990 pour Pills’n’Thrills and Bellyaches) une improbable et inattendue collision entre le rock et son futur, c’est-à- dire l’acid-house. D’emblée, on se dit que Bummed a un peu vieilli, qu’il dégage un air un peu fatigué. La première chanson, notamment, Country Song, débute un peu gauche. Pourtant, très vite, quelque chose s’éclaircit. Le disque sonne moins contrasté, moins “dur” qu’à l’époque et se dévoile même plus musical. Les Happy Mondays savaient-ils donc écrire des chansons, des vraies ? Car, sous les rythmiques défoncées à l’ecsta de Manchester, il y a de vraies mélodies, des arrangements étonnants pour un groupe indie et surtout une vision d’ensemble qui dépasse de loin le côté fanfaron de la troupe de Shaun Ryder. Presque vingt ans plus tard, des chansons comme Mad Cyril demeurent assez bluffantes
et, surtout, les versions longues (à l’origine sorties sur des maxis) ajoutées ici sur des disques supplémentaires sont enthousiasmantes à plusieurs égards : elles témoignent, comme la version longue du génial Wrote for Luck, d’une époque décomplexée, avide d’expériences dans tous les sens, mais avec toujours cette même volonté de déconner, de faire danser.
C’est bien cela qui survit aujourd’hui. Très brute sur Bummed, la formule des Mondays est plus raffinée sur le disque suivant, dont la réédition est elle aussi gavée de morceaux supplémentaires, encore plus puissants et dansants, plus noyés sous les drogues aussi, comme Step on ou Kinky Afro. Sans aucune nostalgie, voilà deux disques qui s’écoutent encore et provoquent de belles éclaircies mentales – avec pourtant une petite préférence pour Bummed, plus brut, brutal et vif.
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