Lalo in hi-fi. Longtemps disponibles en import japonais, deux BO cultes de Lalo Schifrin sont enfin en vente libre pour presque rien. Lorsqu’il apparaît au générique de Bullitt, en 68, Lalo Schifrin est déjà l’un des compositeurs dont Hollywood s’arrache les services. Grâce notamment à Cool hand Luke et The Fox, l’ancien pianiste et arrangeur […]
Lalo in hi-fi. Longtemps disponibles en import japonais, deux BO cultes de Lalo Schifrin sont enfin en vente libre pour presque rien.
Lorsqu’il apparaît au générique de Bullitt, en 68, Lalo Schifrin est déjà l’un des compositeurs dont Hollywood s’arrache les services. Grâce notamment à Cool hand Luke et The Fox, l’ancien pianiste et arrangeur argentin du Dizzy Gillespie Quintet a imposé un style particulièrement percutant qui répond exactement aux souhaits du moment. C’est en effet l’époque dorée des feuilletons d’action policière Mission : impossible, Mannix et leurs fameux génériques composés par… Schifrin et le cinéma, voyant s’ébrécher son monopole au profit de la télé, fait naître à son tour des flics justiciers pas trop rouleurs de mécaniques, capables de rivaliser en sympathie avec les héros des séries. Tel est le lieutenant Bullitt Steve McQueen et telle est la musique imaginée par Schifrin : une sorte de concentré de toutes les figures et de tous les thèmes propres aux soundtracks cathodiques. Avec une formation de sept musiciens à laquelle il ajoute une section de cordes, Schifrin réalise un score d’une puissance et d’une efficacité rarement égalées dans le cinéma américain. Le film lui devra d’ailleurs éternellement une grande part de son charme : que seraient en effet les poursuites à travers San Francisco sans ces cuivres vrombissant aux trousses des malfaisants avec la même conviction que la Ford Mustang du bon Bullitt ? Grâce aux deux Bud (Shank à la flûte et Brisbois à la trompette), quelques moments de rêveries celles du flic solitaire maintiennent un juste équilibre avec le fort parfum hard-bop dominant, tandis que Music to interrogate by rappelle un autre score illustre : le Casino Royale de Burt Bacharach, sorti l’année précédente, qui forme justement avec Bullitt et deux ou trois autres le lot des bandes originales sixties les plus estimées au monde. Enter the Dragon (Opération Dragon) date quant à lui de 73, et les aventures de Bruce Lee ont forcément inspiré à Schifrin une partition des plus acrobatiques. Entre-temps ont émergé les formidables BO de la blaxploitation Isaac Hayes et son Shaft en tête et Schifrin en subit visiblement l’influence, notamment pour le thème central funky ponctué des mugissements de ce brave Bruce et d’un motif chinois qui annonce la couleur jaune et rouge de l’ensemble. Nettement plus climatique que Bullitt, la musique du Dragon illustre avant tout l’attente fébrile du fauve avant l’assaut et exprime à la perfection la tension qui précède le combat. Elle demeure encore aujourd’hui le modèle absolu de la musique pour films d’action, genre mineur ici traité comme un art martial et majeur.
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Lalo Schifrin, Bullitt & Enter the Dragon (Warner)
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