Produit par David Holmes et épaulé par ses High Flying Birds, Noel Gallagher rend hommage à ses héros de jeunesse sur un troisième album chaleureux et serein.
2017, année Noel Gallagher. Au printemps, on l’a d’abord retrouvé dans le rôle improbable de guest chez Gorillaz. Fin mai, Don’t Look Back in Anger, l’un de ses hymnes les plus émouvants, a incarné un fort message d’espoir après l’attentat de Manchester. C’est ensuite Liam, son petit frère, à qui il n’adresse plus la parole depuis des années, qui est revenu sous les projecteurs début octobre avec un premier album solo énergique, dans la grande tradition de la pop anglaise à guitares.
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Quelques semaines plus tard, le père Noel fait lui aussi un retour remarquable. Who Built the Moon?, son troisième album depuis la séparation d’Oasis, se place dans la lignée directe du précédent, Chasing Yesterday. “Ils ont tous les deux été conçus en parallèle, explique-t-il. Pour Who Built the Moon?, tout s’est fait sur place, au fur et à mesure. Je n’avais jamais travaillé de cette façon. C’était l’idée de David Holmes, le producteur.” Alors que Chasing Yesterday était produit par Noel lui-même, ce nouvel album bénéficie de la présence de David Holmes, grand sorcier des expérimentations sonores, qui s’est illustré sur des bandes originales de films et pour sa propre carrière électro.https://www.youtube.com/watch?v=WRplVmpZCa8
“J’adore me retrouver avec des fans de musique pour inventer tout un album”
Entre rock classique, soul cuivrée et pop orchestrale, ces morceaux inventifs osent essayer différentes textures et s’aventurer loin de la britpop, vers des sonorités plus élaborées (chœurs féminins, cordes, claviers et même un saxophone). Cette ambiance insouciante et enjouée reflète l’état d’esprit du songwriter en studio.
“J’adore me retrouver avec des fans de musique pour inventer tout un album. Je n’arrive pas à comprendre toutes ces rock-stars qui se plaignent. Si tu n’arrives pas à te rendre compte que tu as une vie de privilégié, tu es un vrai débile. Tu pars en tournée à travers le monde et quand tu arrives sur scène des milliers de personnes tombent amoureuses de toi au même instant… Quand je travaillais sur Chasing Yesterday, j’ai eu envie de faire appel à David pour m’aider à finir. Il a écouté les chansons et il a trouvé qu’elles étaient déjà finies. Il m’a dit de les sortir telles quelles, et de revenir le voir à son studio, seul avec ma guitare, sans aucune chanson écrite à l’avance, pour qu’on fasse ensemble un autre album. C’est ce qu’on a fait !”
En plus de continuer sa collaboration avec d’anciens membres d’Oasis (Gem Archer, Mike Rowe et Chris Sharrock, qui forment à eux trois les High Flying Birds), Noel Gallagher a aussi fait appel à deux de ses héros de jeunesse, Paul Weller (qui se charge de l’orgue sur Holy Mountain) et Johnny Marr (qui joue de la guitare et de l’harmonica sur If Love Is the Law).
“Plus je vieillis, plus j’ai envie de sortir des disques. Il y a beaucoup de haine en ce moment, d’incertitude, de destruction, de pauvreté… Je crois que les artistes ont un vrai devoir – pas forcément de commenter tout ça, mais de continuer à apporter de l’art dans le monde. Un artiste ne devrait pas rester cinq ans sans rien sortir. Il faut contrer le terrorisme, même si c’est juste avec une pop-song stupide. Au moins, les gens pensent à autre chose pendant trois minutes.”
Un album d’une puissance émotionnelle rare
Who Built the Moon? émerveille dans ses détours les plus inattendus, par exemple les deux instrumentaux sous haute influence Gainsbourg, ou le morceau bonus, Dead in the Water, joué acoustique, où Noel Gallagher se dévoile humblement, mais avec une puissance émotionnelle rare. Sa capacité à composer des tubes reste intacte. Il se souvient de ses premiers émois musicaux : “J’ai grandi en regardant Top of the Pops dans les années 1970 : Bowie, T. Rex, les Sex Pistols… Il y avait une guitare chez nous, derrière une porte. Un jour, j’ai décidé d’en jouer et j’ai écrit Live Forever… Non, je rigole ! J’ai juste pensé que je me sentais bien avec et j’ai commencé à apprendre des accords, un par un.”
Son petit frère n’arrête pas de lui faire des appels du pied par médias interposés pour reformer Oasis. Noel : “On ne peut jamais prédire l’avenir. Personne ne peut savoir où il sera dans cinq, dix ans. Mais dans ce cas précis, j’en suis sûr à 100 %, même à 1 000 % : Oasis ne se reformera pas.” Aujourd’hui, leurs carrières solo respectives sont un merveilleux lot de consolation.
Who Built the Moon ? est disponible sur Apple Music.
Noel Gallagher sera en concerts les 3 et 4 avril à l’Olympia de Paris.
Pour encore plus de Gallagher, plongez vous dans les archives des Inrocks : Oasis.
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