Brooklyn est, depuis quelques mois, la capitale mondiale de la musique cool -l’occasion d’une série en trois épisodes sur les jeunes et remuantes pousses du cru. Aujourd’hui : les magnifiques School of Seven Bells, à découvrir avec deux morceaux et un clip avant un concert au Point Ephémère (Paris) le 5 mars.
[attachment id=298]« Je regardais la télé, tard dans la nuit, et j’ai vu un documentaire qui m’a fasciné. Ca concernait des pickpockets, un gang, dans les années 90 et en Amérique du Sud. Ils étaient particulièrement bons, ils avaient un code qui leur était propre, personne ne les soupçonnait, personne ne pouvait les attraper. Et ces gens avaient été formés dans une académie spéciale, dans les années 80. L’école s’appelait la School of Seven Bells –l’un des examens de passage était de voler un objet dans chacune des poches d’une veste en contenant sept, et sur chacune desquelles était accrochée une petite clochette. » C’est Alley Deheza qui parle. Faisant face à Benjamin Curtis, troisième larron et ex-Secret Machines, elle est assise à côté de sa sœur jumelle Claudia. Alley et Claudia sont belles et fraîches comme une première neige, à tomber raide dingue amoureux en cinq secs. Et Alley vient, en quelques phrases et par un nom de groupe idéalement choisi, d’expliquer le concept de School of Seven Bells et de mettre bas, avant même qu’elles pointent leur dard, les critiques qu’on ne manquera pas d’adresser aux Américains.
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Car Claudia et Alley, ex On!Air!Library! et Benjamin, ex-Secret Machines, semblent avoir fait les poches de pas mal de groupes. Pas les plus mauvais, heureusement, et sans faire sonner de clochette : immédiatement, dès l’ouverture de leur premier album Alpinisms, Iamundernodisguise, on pense à My Bloody Valentine. Et aux Cocteau Twins. Et à Lush, et à Ride. Voire au mystère des voix bulgares. Mais résumer School of Seven Bells à des influences, réelles ou supposées, c’est tenter d’expliquer la beauté de l’Humanité par son patrimoine génétique. Ca rabaisse.
[attachment id=298]Et si School of Seven Bells vole, c’est dans les deux sens du terme – Alpinisms est une petite merveille de pop gazeuse, belle en diable, toute en mousses mélodiques, qui croît en strates soniques vers les sommets. Le shoegazing, les harmonies vocales voltigeuses, les assauts soniques mêlés aux puretés de mélodies cristallines ne sont qu’un premier élément du puzzle. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : d’un immense puzzle. Passées les gelées pop de la face nord de l’album, Alpinisms est de ces disques qui gagnent en profondeur et mutent à chaque écoute. Qui découvrent, jour après jour, de nouvelles perspectives, des arrêtes inédites, des sons pas encore croisés. Grand album, Alpinisms dévoile, petit à petit, sa minutie de coucou suisse.
Dans des morceaux glacés par les voix voltigeuses des deux jumelles, quelques reflets chauds de musique africaine font fondre les humeurs. Des rythmes ou psalmodies tribaux se planquent sous les raideurs synthétiques, des véritables tubes répondent à de drôles de hip-hop blafards. Le tout, bout à bout, file un sacré vertige. La rumeur a précédé School of Seven Bells : le groupe était, disait-on, excellent. On espérait de la hauteur : Alpinisms, au pluriel, sont des sommets.
Nous vous proposons de découvrir le groupe avec trois morceaux : Iamundernodisguise, Connjur et Half Asleep en version vidéo –magnifique.
Iamundernodisguise
Connjur
Half Asleep
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