Dans son nouveau clip, l’ex-petite fiancée de l’Amérique tente en vain de rattraper son retard sur Lady Gaga et ses autres concurrentes.
1. Britney cheap
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Britney Spears a fait du cheap sa marque de fabrique. Plus bancale et profonde qu’elle n’y semblait, cette signature était alors symptomatique de l’Amérique qu’elle représentait, à son corps défendant, de la fin des années 1990 à la fin des années 2000, période de son règne en tant qu’icône pop ultime. En 2010, Britney a été détrônée par Lady Gaga, plus subversive et mieux produite, ou par des suiveuses au talent aléatoire, parmi lesquelles Rihanna, Katy Perry ou l’immonde Ke$ha.
Déchue, l’ex-petite fiancée de l’Amérique apparaît dans son nouveau clip, Hold It Against Me, en mariée zinzin, sorte de monstre informe dont la french manucure a été remplacée par des tubes en plastique d’où s’échapperont plus tard de la peinture aux couleurs criardes. Métaphore facile de la pureté sacrifiée sur l’autel de la pop culture ?
Quoi qu’il en soit, Britney fait dans la grosse ficelle et donne à voir son corps d’ex-championne de GRS des pays de l’Est. Le stylisme quelque peu putassier s’inscrit dans une esthétique très Lady Gaga à base de sang qui gicle et de danseurs déguisés en spermatozoïdes. Coincidence ? Pas vraiment : le réalisateur de ce clip est aussi celui des vidéos de Paparazzi et de Telephone de Lady Gaga.
[inrockstv 60388]
2. Des logos à gogo
Autre caractéristique inspirée des clips de Gaga : le placement produits à outrance. Loin d’être tournée au second degré, la chose est ici encore plus grossière que chez Stefani Germanotta, et les gros plans sur les logos des marques durent bien plusieurs secondes. Si Britney nous rejoue le coup de la dénonciation du cirque médiatique (dans lequel elle ne cesse de replonger tête la première à chaque sortie d’album) qui a fait d’elle un produit sulfureux, le clip ne semble pourtant avoir qu’une finalité : la pub. Les logos (marque de cosmétique, matériel hi-fi ou site de rencontres) rythment la vidéo, si bien que, selon TMZ, celle-ci aurait rapporté 500 000 dollars.
Une pratique de plus en plus courante censée aider les artistes à “offrir de meilleurs clips” aux fans, en pleine crise de l’industrie. Une légitimation un peu légère, surtout pour les gros noms du marché du disque qui ont depuis longtemps brouillé la frontière entre leurs oeuvres
3. Le clip autoréférencé
Pour se donner du relief, Britney Spears verse dans l’auto-référence et fait appel à l’iconologie de son règne passé. Ainsi, les écrans (sponsorisés par Sony) donnent à voir les précédents clips de Britney, et, de manière plus générale, tout le scénario de la vidéo rappelle le parcours de la jeune fille : de la scène d’intro montrant une météorite venant s’échouer sur la Terre (référence au clip de Oops I Did It Again où Britney se la donnait tranquillou dans l’espace en combi de latex rouge) à la robe de mariée (uniforme que Britney Spears portait lors des MTV Video Music Awards de 2003, cérémonie au cours de laquelle elle n’hésita pas à embrasser Madonna à pleine bouche), en passant par la gestuelle (en sandwich entre deux danseurs comme dans le clips d’I’m a Slave 4 U ou en pleine maîtrise du jeté-de-tête-qui-fait-mal-auxcervicales, caractéristique de la chorégraphie de Circus).
En 2011, la seule possibilité pour une Britney Spears peu inspirée (tout comme ses producteurs, à en juger d’après ce premier extrait de son nouvel album intitulé Femme Fatale) serait donc de jouer sur son passé, comme si sa seule façon d’exister aujourd’hui était d’être son propre avatar. Oops.
Diane Lisarelli
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