Suréna, de Pierre Corneille, mise en scène de Brigitte Jacques .Le broyage systématique de l’individu par le pouvoir, l’incompatibilité du sentiment amoureux avec la nécessité politique, là sont les ressorts de Suréna, dernière tragédie écrite par Corneille. Suréna aime et est aimé d’Eurydice. Leur mariage est impossible, il a été décidé pour eux d’autres unions politiquement plus pertinentes. Ils ne survivront pas au marchandage de leur amour.
Brigitte Jacques a pris le parti de la répétition pour mettre en scène cette pièce. Les acteurs endossent tous les rôles en alternance, l’aire de jeu est définie par un tapis éclairé, sorte de ring, où ils viennent jouer leurs partitions. Lorsqu’ils sont hors jeu, ils restent sur le plateau, enfilent une veste, boivent un thé. Malgré cette proximité, on reste dans le détachement, à l’exception des interventions d’Orode (Mourad Mansouri) qui nous fait oublier soudain les vers de douze pieds. On repense alors à un autre Suréna, récemment mis en scène par Samuel Young, qui tordait le cou à toutes les conventions (voir Les Inrockuptibles n° 1) et faisait résonner tous les doubles sens. On avoue préférer la copie brouillonne de la canaille du fond de la classe à celle de la première en français.
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