Souvent, les plus gros chagrins d’amour génèrent les plus grands disques. Tel est le paradoxe majestueux de Brand New by Tomorrow, quatrième album solo de Money Mark. Sur fond de chant d’oiseau, il débute en ces vers éplorés : Since you’ve been gone, I ve lost my cleverness/ Loneliness, emptiness, I feel naked wherever I […]
Souvent, les plus gros chagrins d’amour génèrent les plus grands disques. Tel est le paradoxe majestueux de Brand New by Tomorrow, quatrième album solo de Money Mark. Sur fond de chant d’oiseau, il débute en ces vers éplorés : Since you’ve been gone, I ve lost my cleverness/ Loneliness, emptiness, I feel naked wherever I go ( Depuis ton départ, j’ai perdu mon intelligence/Vide et solitude : partout je me sens nu’).
Depuis qu’il a entrepris de voler de ses propres ailes en 1995 via le très hybride Mark s Keyboard Repair, le clavier officiel des Beastie Boys avait habitué à de savants bricolages à la croisée sauvage du jazz, du funk, de la samba ou d’un easy-listening dans la plus pure tradition lo-fi. C’est donc quelque peu déconcerté, mais franchement aux anges, que l’on égrène ces nouvelles perles mélancoliques, aux arrangements émerveillés et aux paroles meurtries.
Né à Detroit, cet insolite compositeur d’origine japonaise, hawaïenne et chicano a mis ses claviers funky, ses beats foutraques et ses expérimentations dingo en sourdine pour s’essayer à un improbable virage pop, sous forte influence des Beatles. Si des collaborations avec Yoko Ono, Beck ou Jack Johnson ? qui l’a signé sur son label Brushfire Records ? n’y sont pas étrangères, ce virage est l’œuvre d’un homme qui a abondamment saigné du cœur.
Album de rupture sur la rupture, aussi classique que classieux, Brand New by Tomorrow transforme le désespoir sentimental en catharsis musicale. Plutôt que d’en crever, Money Mark a décidé d’en (sur)vivre. Avec son indispensable Fender Rhodes, entre deux guitares folk, un harmonica, une flûte, une rythmique bossa ou la basse de Carol Kaye des Beach Boys, il soigne le mal par le bien.