Un hommage bâtard, et un album de ses meilleurs héritiers, Subway : on reparle de NEU!, l’un des groupes allemands les plus influents de l’histoire.
Né d’une fissure dans le réacteur de l’usine Kraftwerk au début des années 70, le duo teuton Neu! agit depuis plus de trente ans comme une onde de choc aux effets dévastateurs. Des palpations ambient de Bowie/Eno jusqu’à leur ravalement par Wilco ces dernières années (voir l’impressionnant Spiders de 2004), de Joy Division aux Parisiens de Turzi, l’impact durable de la recette âpre et minimale imaginée par le batteur métronomique Klaus Dinger et le guitariste aérien Michael Rother fait d’eux le Velvet Underground version Rhin-Ruhr.
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Car personne n’acheta leurs trois albums à leur sortie mais tout le monde s’en réclame désormais. Hormis une excellente et constructive contribution originale de School Of Seven Bells, le mal nommé Brand Neu!, tribute album inégal, recycle des titres déjà parus ailleurs (Ciccone Youth, Primal Scream, Foals ou Oasis, totalement incongru), reprises ou déclinaisons plus ou moins recevables de cette formule fragile aux mystères insondables.
Car la musique de Neu!, fruit le plus souvent de longues improvisations sous hypnose, ne s’apprivoise pas aussi facilement qu’un habituel langage pop. Surtout, son alchimie repose sur un triangle dont le côté ombragé était dévolu à l’indispensable ingénieur sorcier Conny Plank, qui a emporté ses secrets dans la tombe. Condamné à survoler son sujet faute de connaître le sésame pour y pénétrer, Brand Neu! fait plus souvent dans la cosmétique que dans le cosmique et alterne les pastiches réussis (Holy Fuck, Fujiya & Miyagi) et les pistes hors sujet (LCD Soundsystem, Kasabian). Une preuve que même les plus capés des créateurs contemporains se sentent encore interdits face à la sauvage énergie turbinée par Rother et feu Dinger.
On aurait bien aimé voir le duo londonien Subway au générique de Brand Neu!, où il avait amplement sa place. Le nom comme la pochette de leur deuxième album sont déjà un hommage à l’art(work) low-cost des Allemands. Le contenu également, notamment l’explicite Harmonia, titré d’après le groupe que Michael Rother fonda en parallèle à Neu! avec les membres de Cluster. Véritable festival de synthés vintage en prise directe avec la Kosmische Musik des seventies, Subway II évite pourtant l’écueil de la citation stérile en abordant ces terres lointaines avec un regard neuf, presque naïf par moments, et surtout avec des outils hérités d’autres conquêtes comme le növo-disco, l’electro-pop de New Order (auquel Lowlife fait sans doute référence), la techno cinglante de Detroit et la house extatique des années 90 (voir le final de Xam). Alan James et Michael Kirkman, dont les précédentes sorties manquaient de la conviction dont ils font preuve ici, opèrent clairement dans les mêmes sphères autarciques que Neu!, alternant les longs travellings haletants et les rêveries atmosphériques, se montrant aussi à l’aise dans la figuration mélancolique (Jupiter, Horizons) que dans l’abstraction pure (Monochrome). Rarement un métro nous aura amené aussi loin.
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