Ex-tête pensante de The Beta Band, l’Ecossais STEVE MASON pourrait bien finir sur les FM avec ses chansons simples et rafraîchissantes.
C’est la question qui peut d’entrée fâcher : demander à Steve Mason s’il a conscience de la perte que fut, pour la scène musicale britannique, la dissolution en 2004 de son groupe, les géniaux The Beta Band. “Bien sûr que j’en suis conscient. J’ai toujours pensé que nous étions le meilleur groupe du monde. Tout le monde a un ego : le nôtre était énorme.”
Enorme, aussi, fut le talent de Steve Mason, notamment le temps d’une miraculeuse collections de maxis pour laquelle on avait d’ailleurs eu envie de le renommer Steve Wonder. Enorme, surtout, est l’héritage laissé par The Beta Band dans le paysage pop : si le groupe n’a pas vendu des millions d’albums, son influence, de Tunng au Blur de Think Tank, est tangible chaque jour davantage.
Depuis cinq ans, Mason collectionne, en solo, les pseudonymes trompeurs. On a ainsi aimé les albums de King Biscuit Time et Black Affair, à travers lesquels il satisfaisait ses besoins d’expérimentations électroniques. “Le groupe, du moins son concept, me manque : le côté petit gang, le fait de pouvoir partager les responsabilités. Mais je n’en pouvais plus de devoir gérer les volontés de tout le monde. Aujourd’hui, j’essaie tout ce que je veux, je n’ai pas à m’angoisser de ce que penseront les autres.”
Seul mais entouré : si, pour la première fois, le songwriter publie un album sous son nom, il s’est néanmoins offert les services du producteur anglais Richard X, spécialiste des recueils de tubes (Kelis, Sugababes). “Il avait également travaillé avec M.I.A. Je trouvais intéressante l’idée de confier ma musique à un producteur pop. Quelqu’un qui ne craint pas le côté commercial de la musique. Je n’avais jamais vraiment flirté avec cet aspect-là.”
Après les bricolages sonores, c’est donc une guitare acoustique toute simple que Mason a empoignée pour composer Boys Outside. L’album, touchant (bien qu’en deçà des altitudes que fréquentait régulièrement The Beta Band), contient ainsi un chapelet de pop-songs savamment ficelées (Am I Just a Man, The Letter ou l’impeccable Lost and Found), qui pourraient bien, en effet, séduire enfin les ondes FM.
“Si c’est le cas, ce sera une heureuse coïncidence. Je me contrefous des modes. Je continue simplement de faire ce que je veux et d’être fier de ma musique. J’ai sacrifié beaucoup pour ma carrière. Je ne gagne pas bien ma vie, mais je suis heureux comme ça, et je sais que je ne m’arrêterai pas.” Bonne nouvelle.