Le ministre Brice Hortefeux connaît-il l’identité de The National ? A-t-il déjà frissonné à l’écoute de la voix de son mystérieux chanteur, rêvé éveillé en entendant ses mélodies douces ? Depuis sept ans déjà, le quintet de Matt Berninger sévit dans l’intimité, loin des foules et des stades.
Ça ne l’a pas empêché de toucher en plein cœur sa confidentielle poignée de fans, notamment lors de concerts ténébreux dont les souvenirs, toujours émus, s’échangent et se dévoilent sur le net comme des objets sur eBay.
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Les dernières nouvelles du groupe dataient d’il y a deux dans, lorsque The National publia un Alligator désarmant, à donner à tout le monde son lot de larmes de crocodile. Lui succède aujourd’hui un album à l’intitulé faussement belliqueux, Boxer. Parmi les cuisiniers qui ont contribué à la réalisation de ce quatrième album, on notera surtout la participation, aux arrangements et aux cordes, de Padma Newsome, membre des Clogs et collaborateur de The National depuis 2003 et l’album Sad Songs for Dirty Lovers, mais également le discret concours de Sufjan Stevens, venu jouer du piano sur deux (très beaux) morceaux (Racing Like a Pro et Ada). On ne pourra pas non plus ignorer la présence du producteur Peter Kadis, proche des New-Yorkais d’Interpol, tant sa marque de fabrique est identifiable.
Sur Boxer, les chansons de The National sont, par la tension qu’elles découvrent, semblables à celles du quatuor cravaté, mais aussi proches de celles de Lambchop, Clem Snide ou même Springsteen. Dévoilant ce même alliage, symptomatique d’une certaine Amérique, de spleen et d’espoir, elles pourraient avoir été composées pour la bande originale idéale d’un film impressionniste sur l’adolescence dans les villes moyennes de l’Ohio.
De Fake Empire à Gospel, c’est plus qu’une simple alchimie que dévoilent aujourd’hui Berninger et ses quatre collègues (deux fois deux frères) : il y a de la magie dans cette façon de faire cohabiter une batterie et un piano décalés, dans cette habileté à trouver l’équation parfaite entre une voix grave et une mélodie aussi légère. Il y a de la magie aussi dans Start a War, délicate comptine qui évoque justement celles de Sufjan Stevens, ou dans le plus énervé Mistaken for Strangers, deuxième morceau de cet élégant tableau fait de nuit et de lumière. A l’école, on se souvient avoir appris, sans trop comprendre, l’obscure clarté avec Corneille. Voici qu’on la saisit enfin, brillamment illustrée.
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