Après le polémique « Born Free », M.I.A. s’est calmée sans laisser tomber la provoc’. Avec « XXXO », Hype Williams la met en scène dans un décor low-tech et graphique qui n’est pas sans rappeler ses premières vidéos… Flashback.
De prime abord, le nouveau clip de M.I.A. relève plus de l’e-card de Saint-Valentin cru 1998 que du coup de poing médiatique asséné par Born Free il y a plusieurs semaines.
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Dans une avalanche de roses, de paillettes et de panthères, la sucrerie numérique répand une armée de gif animés autour d’une M.I.A. plus eighties que jamais. Le tout parcouru par des cygnes mais aussi bardé de bandeaux arabisants, visuels orientaux présents depuis longtemps chez M.I.A. (voir la pochette de son premier album, Arular).
C’est Hype Williams, réalisateur culte du hip-hop, qui a donné vie à cet objet low-tech non-identifié. Le réalisateur de Video Phone, de Lady Gaga et Beyoncé, s’est plu à détourner de nouveau une imagerie issue de la société de consommation. Le clip de XXXO mêle les meilleures pochettes cheap de Bollywood aux forums les plus obscurs de la Toile. Phobique du style orientalo-clinquant, passe ton chemin.
Comme le souligne Pitchfork, cette vidéo n’est pas sans rappeler le récent Portrait of Power de Kanye West. Mais l’esthétique kitsch à prendre au 36e degré et les petites étoiles qui flottent dans un espace incrusté sur fond vert font écho à un clip plus ancien de M.I.A., celui de Jimmy (réalisé par Nezar Khamal). Une petite perle disco à base de costumes dorés et de chorés spatio-bollywoodiennes.
En mode graphique…
Le clip de XXXO, ancré dans l’univers numérique avec ses barres de lecture YouTube – déjà présentes sur la pochette de MAYA – rappelle par son côté graphique d’anciens clips. Plus marqué par le graffiti, matériel de l’ex-étudiante à l’école d’art Central Saint Martins, le clip de Galang tenait déjà de l’explosion visuelle.
En collaboration avec Ruben Fleischer, également réalisateur pour Dizze Rascall, M.I.A. anime dans cette première vidéo son travail en tant qu’artiste graphique. Sa première exposition dans une galerie de Portobello Road, en 2001, imprègne ce premier film. Des grenades, des tanks et des avions de chasse fluos fusent, reprenant l’imagerie militaire qui lui est chère. La descendante du leader tamoul ne manque pas de caler quelques tigres par-ci par-là.
Réalisé en 2004, le clip est déjà un portrait, qui met en avant la belle dans les tenues flashy confectionnées par ses soins. Le look post-années 1990 qui rappelle déjà tellement les 80s mixe grands sweat-shirts et leggings brillants.
On retrouve les chorégraphies en groupe dans le clip de Boyz, sur le deuxième album de M.I.A., Kala, en 2007, qu’elle réalise avec Jason Williams.
…ou cinématographique
M.I.A. sait aussi s’entourer de gens du cinéma pour décrocher des clips qui claquent. La preuve a été faite avec Born Free, réalisé par Romain Gavras, qui balançait dans la face du spectateur une inquiétante et ultra violente Intifada des rouquins. En parallèle d’un gros buzz, ce véritable court-métrage avait été retiré de YouTube puis remis en ligne, mais surveillé.
Dès 2004, pour un de ses premiers clips, M.I.A. appelait le réalisateur de films indien Rajesh Touchriver pour aller filmer la vidéo de Sunshowers. Le deuxième single d’Arular emmène le spectateur dans la jungle du sud de l’Inde. Promenade dans le fleuve à dos d’éléphant. On est très loin des animations gif.
Une esthétique plus réaliste que M.I.A. mâtine de militantisme en 2007. Elle tourne le clip de Bird Flu dans les bidonvilles de Chennai, en Inde encore une fois.
L’inventivité de M.I.A. en matière d’audiovisuel et de multimédia, qu’on l’apprécie ou pas, s’est faite remarquer. L’artiste a été sollicitée par le Vimeo Festival Awards, où elle siègera en octobre en tant que juré, aux côtés, notamment, de David Lynch et de DJ Spooky. Classe.
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