Compétitive et variée, la nouvelle scène locale regorge de promesses. Nos cinq coups de coeur.
ALBA LUA, VERS LA LUMIERE
Avec ses mille visages, ses mille groupes aux mille influences, la nouvelle scène bordelaise fourmille d’espoirs et d’initiatives difficiles à départager. Mais le premier album des quatre desperados d’Alba Lua pourrait bien contredire l’observation. Enregistré dans les studios de Joakim en 2011, Inner Seasons aurait dû sortir il y a un an si les Bordelais n’avaient pas accumulé les galères : mauvaises rencontres et problèmes contractuels ont étouffé pendant (trop) longtemps l’écho enchanteur de leur première collection de chansons.
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Aujourd’hui Parisiens, ils publient leur premier album le 6 mai – un des disques de l’année, déjà, étiré entre l’obsession de mélodies pop toujours entraînantes et des progressions rythmiques dignes des musiques de film qu’ils adorent. Après avoir mis en ligne leurs premières chansons sous le nom évocateur de Permanent Vacation fin 2008, les musiciens ont attendu 2010 pour changer de nom, gagner en sérieux, sortir un ep (Ballad of Joseph Merrick) et se débarrasser de l’atmosphère vacancière qui débordait de leurs premiers concerts. Avec des tubes comme When I’m Roaming Free, Hermanos De La Lluvia ou Alegria, le quatuor a désormais toutes les cartes en mains pour inverser la tendance négative dictée par les déboires organisationnels des premiers jours.
Si l’aura d’Alba Lua a grandi dans l’ombre et à Bordeaux, la réputation du groupe a déjà franchi les lames de l’Atlantique pour s’inviter dans les revues et les festivals les plus rutilants du continent américain. Programmés à South By Southwest, encensés par Pitchfork, le groupe semble avoir sauté la case “port de la lune” dans sa ruée intrépide vers les sommets de la pop romantique. Au bout du chemin, la lumière les attend.
Album : Inner Seasons (Roy Music), disponible le 6 mai
http://www.youtube.com/watch?v=5_aUAJzgUxw
PEREZ, NOIRE POP
Avec un premier effort solitaire chanté en français, Perez s’échappe de la matrice anglo-saxonne qui régissait jusqu’ici ses aventures musicales (Adam Kesher, Beat Mark). Cramer, ep sombre et dansant, vient mélanger les plus élégantes nuances pop du catalogue bleu blanc rouge pour les aviver d’obsessions rythmiques dignes des musiques de club. On pense à Darc et Daho pour le phrasé dépareillé des mélodies, à Lescop pour l’épilepsie alanguie, à Liquid Liquid pour l’ambiance grave et caverneuse.
Aujourd’hui installé à Paris, Julien Perez fait partie des dix artistes résidents annuels du palais de Tokyo – musée dans lequel il expose l’incarnation visuelle de ses inspirations artistiques. Dans le registre sonore, on ne peut que souhaiter la sortie d’un album complet dans les prochains mois. “Sophie est tout excitée” chante Perez dans les premières mesures hypnotiques du Prince Noir. Sophie n’est pas la seule.
ep Cramer (Dirty)
CARGO, TECHNO DE NUIT
A Bordeaux, les deux garçons de Cargo, originaires de Tarbes, incarnent une certaine exception musicale. A quatre mains, le nez dans les machines, ils raniment en bord de Garonne le souvenir froid et synthétique des années Depeche Mode. Sur Dual, chanson enregistrée dans les studios de la Chambre 404, les néo-Bordelais rappellent leur ascendance avec Chateau Marmont. Aussi à l’aise dans la new-wave que dans l’electro et la techno, le groupe ne cache pas son attirance pour le tout technologique et les concerts étirés jusqu’à l’aube. Cargo, deux, nuit. chanson Dual en écoute sur la dernière
compile Bordeaux Rock
BENGALE, FEULEMENTS POP
Avec Le Dernier Tramway et son refrain attrape-coeur, Bengale met les deux pieds dans la pop nostalgique qui emballe la nouvelle scène française, de Caen à Bordeaux. Pourtant, plutôt que de se cacher derrière un effet de mode qui ne leur sied guère, les garçons et la fille de Bengale préfèrent revendiquer des influences croisées. Du hip-hop au rock, du funk à l’electropop, du français à l’anglais, chacun des six musiciens apporte sa touche à une partition finalement inédite. Ces frères de son de Granville et Frànçois And The Atlas Mountains préparent l’avenir avec sagesse en distribuant leurs chansons au compte-gouttes sur internet. Leur première sortie physique arrive ce mois-ci, à l’occasion du Disquaire Day.
ep Le Dernier Tramway, disponible le 20 avril pour le Disquaire Day
DORIAN AND THE DAWN RIDERS, MARCHEURS D’AUBE
En quelques mois, Dorian est passé du statut de bidouilleur solitaire à celui de valeur montante de la scène bordelaise. Sur le parcours embué de ses expérimentations, le jeune musicien a coutume de convoquer différentes voix et atmosphères pour grandir le spectre ondoyant d’une pop toujours plus sensible et onirique. Depuis les premières maquettes envoyées à Nova Sauvagine il y a un an à peine, le projet a su gagner en maturité et en clarté. Dorian Et Ses Marcheurs D’Aube ont même fait leurs premiers pas sur les scènes parisiennes en mars, avec des concerts à l’International et au Divan du Monde. Disponible en digital depuis le 2 avril, l’ep Distance, ouvre grand la porte de l’irréel et dessine quelques-unes des belles rêveries soniques que le Bordelais est capable d’intimer. Arrangements graciles, écho poursuivant et progressions envoûtantes ne sont pas en option.
ep Distance
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