Bonnie Prince Billy est en concert en France tout le week-end (le 24 à Paris, le 25 à Bourges, le 26 à Marseille). Son interview, réalisée lors de sa dernière venue parisienne en février dernier, est à découvrir en plusieurs parties. Aujourd’hui, il est question de l’élection d’Obama, du film Old Joy, de l’Islande et toujours du chanteur country Merle Haggard.
le monde a suivi ça aux Etats-Unis. J’ai été un fervent supporter d’Obama, et je le suis toujours d’ailleurs. Je pense qu’il peut apporter d’énormes changement. Je pense que sa victoire n’est pas encore intervenue. Son élection est une chose, mais je pense que ce qu’il va faire dans les huit ans qui viennent va être encore plus impressionnant. Les années Bush ont été tellement dévastatrices, que tout le monde a envie de repartir aux côtés d’Obama. Tout le monde suit son parcours, a envie de s’investir. Et c’est le cas de beaucoup de gens dans le monde, pas seulement aux USA.
Comment les gens percevaient Obama dans le Kentucky ?
Le Kentucky est un état très conservateur et réactionnaire. Obama n’y était pas très populaire. Quelques jours avant l’élection, j’ai été voir un concert dans le sud du Kentucky, un concert de Patti Loveless, une chanteuse country. Et je portais un petit badge de soutien à Obama, alors que tout le monde portait des t-shirts Mc Cain. A la fin du concert, la chanteuse est venue me voir parce qu’elle a vait repéré mon badge, et elle m’a dit « hey mec je suis avec toi ». C’était assez drôle.
Est-ce que les artistes ont joué un grand rôle dans l’élection d’Obama ?
Oui, un type comme Will I.am a été déterminant. Je pense aussi à des mecs comme Justin Timbelake, ou P.Diddy. Springsteen aussi, même si par le passé il a pu être un problème pour les candidats qu’il soutenait, car son soutien n’est pas aussi « cool » que celui qu’on pu amener les gens du hip-hop – je me souviens de sa tournée avec Pearl Jam lors de l’élection Kerry/Bush. Si un type comme Kerry n’était pas passionnant, Obama lui l’a vraiment été. Et les artistes se sont passionnés pour lui, ont eu envie de l’aider. Tout cela a été déterminant oui.
Tu as récemment joué dans le film de Kelley Reichardt, Old Joy, et fait une apparition dans son tout dernier film, Wendy & Lucy. Es-tu convaincu d’être un musicien avant d’être un acteur ?
Oui, absolument. Car je n’ai pas été payé pour Old Joy, dont je suis musicien avant tout (rires). Non plus sérieusement cela a été une expérience incroyable. Ce personnage de nomade un peu déboussolé est effrayant, car très proche de moi dans le fond, mais je le trouve beau.
A la fin du film Old Joy, ton personnage démabule seul dans les rues. Est-ce que tu aimes la solitude ?
Je ne sais pas. J’aime être seul, oui. Mais je suis connecté à la société tout de même, à ma façon certes, mais je le suis. Je suis devenu une personne publique, je suis obligé d’entrer en contact avec les gens. La contrepartie de ça, c’est pour moi des moments de solitude obligatoire. Des moments où il n’y a que moi et la musique.
Est-ce que tu vois encore les gens de Louisville avec qui tu travaillais il y a dix ans, je pense à David Pajo, aux gens qui faisaient Slint ?
Oui nous nous voyons encore. Mais je ne fais pas partie d’une communauté musicale à proprement parler, ce qui ne m’empêche pas de ne jamais me sentir seul partout où je vais dans le monde. Je connais beaucoup de musiciens à travers le monde.
Tu es aujourd’hui l’une des personnes les plus populaires de Louisville, juste derrière Mohammed Ali. Que penses-tu de lui ?
J’aime beaucoup Mohammed Ali. Mon école était sur Mohammed Ali Boulevard. Quand j’ai repris The World’s Greatest, c’étai une forme d’hommage. J’ai beaucoup lu à son sujet, c’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour moi ou.
Et en musique, quels sont les artistes qui te passionnent en ce moment ?
J’aime beauoup Susanna Wallmrod, une chanteuse norvégienne. Elle fait des reprises et a des chansons originales magnifiques. J’aime aussi beaucoup les disques de Merle Haggard, c’est un artiste qui me fascine, auquel je pense souvent. J’aime aussi beaucoup le groupe folk Six Organs of Admittance.
Est-ce que les endroits ou tu te trouvent influencent ta musique ?
Oui, pour mon dernier album, j’ai écris comme je le disais dans une réserve californienne. J’ai été influenc par les montagnes, par la faune, la flore. Je le sens en écoutant. Idem quand j’avais enregistré The Letting Go en Islande. Je sentais l’Islande dans mes chansons…
(à suivre)