Avec “Eux & Nou”s, ces deux membres éminents de la jeune génération (re)joueront une partie du répertoire d’un duo fondamental de la chanson française au Studio 104 dans le cadre de l’Hyper Weekend Festival. Pourquoi ? Comment ? Ils s’en expliquent ici.
Qui a eu l’idée de cette création autour du répertoire de Brigitte Fontaine et d’Areski Belkacem ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Bonnie Banane — Je suis un peu obsédée par cette idée depuis cinq ou six ans. À l’origine, je songeais à un album de reprises de chansons sélectionnées de Brigitte et Areski.
C’était au final comme une évidence de le proposer à Flavien.
Flavien Berger — Brigitte et Areski font aussi partie de mon Panthéon, même si je ne connais pas tous leurs albums par cœur. C’est moins dans ma fibre que pour Bonnie Banane, pour qui ils constituent son décorum.
BB — Nous partageons la même envie de faire écouter ou réécouter leurs morceaux, et surtout les paroles qui étaient d’une modernité incroyable pour l’époque.
FB — C’est même une vision du monde qui a façonné la nôtre, c’est presque une éducation. La formule qu’on avait imaginée correspondait à l’esprit de l’Hyper Weekend Festival, donc autant mutualiser l’énergie qui se met en place à la Maison de la Radio et de la Musique. Ce qui nous permet d’avoir des moyens pour répéter, des musiciens et musiciennes pour concevoir au mieux cette création. On va essayer d’incarner Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, en racontant l’histoire de leur histoire.
Quelle est la chanson qui a servi de point départ ?
BB — Ma préférée de toutes, c’est J’ai 26 ans dans la version de Brigitte Fontaine, mais aussi dans celle d’Areski Belkacem [J’ai 26 ans, madame]. C’est la plus chère à mon cœur.
FB — Pour l’anecdote, en 2017, Bonnie Banane est venue passer quelques jours à Bruxelles pour qu’on écrive le morceau Contre-Temps sur mon deuxième album. Un soir, on dîne
à la lumière de la bougie et elle m’interprète J’ai 26 ans. Quelle chance ! Il y a aussi ce morceau un peu mystique pour tous les deux, Premier Juillet, qui est à la fois un état du monde complètement subjectif et la veille de nos anniversaires respectifs. Cela fait partie de la magie de l’incarnation.
BB — On a tellement l’embarras du choix dans leur répertoire, mais il va falloir affiner la sélection pour une heure de concert.
FB — On l’imagine déjà comme un programme radiophonique, en invoquant quelques fantômes à l’aide de réinterprétations et d’archives sonores. On s’interdit déjà de reprendre C’est normal.
BB — Ou Le Nougat. À l’inverse, on a souhaité remettre en lumière des titres comme Le Goudron, Cher, Le Brin d’herbe, Personne, L’Engourdie, Les Étoiles et les Cochons… J’adore aussi Dommage que tu sois mort. Sans oublier Nous avons tant parlé et Diabolo, que nous avons déjà interprété respectivement en concert.
FB — Ce sont des chansons qui ont une telle place dans la vie des gens ! Musicalement, on devra trouver le savant équilibre entre les machines et les percussions, les passages chantés et parlés.
Enfin, quel sera l’écueil à éviter absolument ?
BB — L’hommage complaisant.
FB — Ou limite morbide. Le danger serait de vouloir les imiter. C’est notre prisme de leur œuvre, pas un décalque. On ne peut pas être révérencieux avec deux artistes aussi punks.
Eux & Nous de Bonnie Banane et Flavien Berger, vendredi 20 janvier à 18 h, Studio 104, Maison de la Radio et de la Musique.
{"type":"Banniere-Basse"}