La musique de 2007 vient de prendre dix ans dans la gueule, mais elle a plutôt bien vieilli.
2007. Bien avant que le principal modèle de réussite ne consiste à se laisser pousser les cheveux en chignon pour rapper des rimes dépassionnées devant un pot de Nutella, exister dans le monde de la musique semblait aussi simple que devenir ami avec Tom de Myspace. Pour le reste, il suffisait de s’acheter un microKorg, de trouver un pote capable d’enchaîner trois accords barrés sur une guitare, de lire tout Jules Verne ou tout Burroughs avant de compiler l’essentiel de ses tourments existentiels sur une démo aussi « déconstruite » que celle d’Atlantis To Interzone.
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2007, année salvatrice
On se marre, mais avec leur vestiaire fluo, leurs hululements foireux et leurs morceaux éclatés entre dix-mille sources d’inspirations, les Klaxons représentent sans doute l’un des groupes les plus symptomatiques de 2007. Une année salvatrice si on considère qu’elle coïncide avec ce moment particulier où définir ses goûts (et sa musique de prédilection) en fonction de la sainte trinité pop-rock, électro, rap est définitivement apparu comme une posture d’un autre siècle.
« Ce qui me fait plaisir quand je vois le public sauter dans la salle, c’est de voir à quel point notre musique est directe, instinctive. Les jeunes qui nous écoutent ne se sentent pas obligés de maîtriser des pans entiers de l’histoire de la musique pour savoir pourquoi ils dansent. » – Simon Taylor des Klaxons dans les Inrocks en 2007
Avec le recul, la plupart des disques importants de l’année 2007 s’écoutent comme une succession de compilations dont les références et les intentions se contredisent jusqu’à l’intérieur des morceaux. Comme sur †, le premier album de Justice, dévoilé en juin 2007 comme une seule et unique piste malade et étranglée entre techno, disco, rock et house. Les plus fous se sont fait tatouer le titre de la collection et cherchent encore la chronique du dernier album sur le blog des Fluokids.
PLAYLIST // LA MUSIQUE DE 2007
Toujours en 2007, James Murphy et LCD Soudsystem s’employaient à cartographier le New-York de leurs idoles avec Sound Of Silver, un autre modèle d’album-compilation habité par les fantômes d’ESG, des Talking Heads ou de Liquid Liquid. Et pendant qu’Animal Collective publiait Strawberry Jam, son chef d’œuvre de textures et d’expérimentations discordantes empilées jusqu’à l’étouffement, Kanye West sortait déjà un grand disque d’ouverture avec Graduation et sa guest-list d’invités dépareillés, de Daft Punk à Chris Martin de Coldplay… en passant par Mos Def ou Lil Wayne.
Mais du funk au grime, du dance-hall jamaïcain aux rythmes sri-lankais, c’est sans doute M. I.A qui a sorti le disque idoine de l’époque avec Kala et son formidable collage de sons et d’affects. Un disque porté par un morceau parfois plus populaire que sa chanteuse, et qui a largement aidé à redéfinir l’acception même du mot pop.
« Arular, mon album précédent, m’a donné la possibilité de voyager dans le monde à la recherche de gens qui me ressemblent, comme Diplo. Il a beau être ce gosse blanc de Floride, musicalement il vient de nulle part. Il n’entre dans aucune catégorie et je me sans très proche de lui. » – M.I.A. dans les Inrocks en 2007
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Alive 2007
2007 est aussi l’année du dernier vrai concert de Daft Punk. Le 22 décembre, sur la scène de l’Olympic Park de Sydney, le duo joue la dernière note de son Alive Tour débuté un soir d’avril 2006 à Coachella. La fameuse soirée qui a révolutionné le format des concerts de musique électronique en même temps qu’elle a relancé la hype autour du festival qui ne s’est toujours pas remis de l’apparition d’une pyramide de lumière sur quelques notes empruntées au film Rencontres du troisième type.
En 2007, les Klaxons jouaient eux aussi à Coachella en compagnie de LCD Soundsystem, Justice et… Manu Chao. On est en 2017 et cette année ce sont les mecs PNL qui seront chargés, entre autres, de représenter la France au milieu du désert californien. Avec leur soleil, leurs tartines et leur Nutella. Bonne année +10.
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