L’ex-leader d’Hüsker Dü n’a rien perdu de sa rage et exécute en une trentaine de minutes une Amérique en pleine dérive.
Suivant le précepte punk stipulant qu’une bonne chanson ne doit pas dépasser les deux minutes et trente secondes, l’inénarrable Bob Mould, ancien leader de la formation culte du Minnesota Hüsker Dü, livre sur une tranche de pain complet un nouvel album en forme de pavé lancé à la gueule de l’Amérique de Trump.
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Passé Heart on My Sleeve, très beau morceau d’ouverture joué à la guitare acoustique, Bob Mould renoue avec une certaine idée de l’urgence, porté par une section rythmique redoutable (Jon Wurster à la batterie et Jason Narducy à la basse), dans une formule à trois simple et terriblement efficace.
Un bonheur instantané et cathartique
Ça parle d’écologie, ça dézingue l’Amérique redneck avec des paroles d’adolescent énervé (“You can see how the lies divide us/World turning darker every day/In a fucked up USA”) et ça dénonce avec férocité l’hypocrisie WASP (“Here’s the newest American crisis/Thanks to the evangelical ISIS”), dans un déluge sonore, sans renier totalement quelque penchant mélodique.
Pliés en une trentaine de minutes, les quatorze titres secouant Blue Hearts rappellent les grandes heures du rock contestataire qui se foutait de la gueule des Reagan, Bush et consorts. Un coup d’épée dans l’eau si Bob s’attend à réveiller les consciences, ne nous voilons pas la face. Reste le bonheur instantané et cathartique de la violence déployée.
Blue Hearts Merge Records/Modulor
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