JD Beauvallet était à la conférence de presse de Blur : récit de l’intérieur, et 1er extrait de « The Magic Whip ».
La convocation est arrivée drapée de mystère en début de semaine. « Rendez-vous à Londres, à telle adresse jeudi prochain à 12h30, pour une annonce importante. » On est a l’heure en ce jeudi et à l’adresse indiquée, une poignée de journalistes – allemands, japonais, danois – attendent fébrilement la prochaine étape. Sans la moindre idée de ce qui nous attend, on fait des paris sur cette pochette surprise qui nous a tous déplacés dans l’Ouest londonien. On apprend juste qu’un minibus va venir nous chercher, pour nous emmener dans le lieu secret où se tiendra la conférence de presse d’un groupe ou artiste que nos hôtes ne citent que sous un nom de code.
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On demande si on devra porter un bandeau sur les yeux pour ne jamais retrouver l’adresse. Ça ne fait rire personne : on mesure à chaque seconde qui passe à quel point ce happening marketing est crucial pour le label anglais qui l’organise militairement. La panique commence même à s’installer au fur et à mesure des tweets et posts de moins en moins vagues des tabloïds anglais : tous annoncent le premier album en dix ans, voire également un concert de reformation de la part « d’un des plus grands groupes anglais ». The Sun publie même une photo de pochette, asiatique, et suggère le nom de Blur. Ça se précise.
Finalement, journalistes et industriels se retrouvent dans un établissement de Chinatown, ruelle où Londres fête en ce jour le nouvel an chinois et l’année de la chèvre. Sous les lampions et pendant que les Anglais profitent avec professionnalisme de l’open bar, on nous convoque à l’étage, où l’on croise, histoire de dissiper le dernier doute, la manageuse… de Blur.
Tout le décorum d’une conférence de presse est installé, jusqu’au mur de caméras et assistantes portant ostensiblement micros, casques et affolement. Un journaliste, qui ressemble à Lou Reed en 74, en trépigne d’impatience. On sent a quel point Blur a été, pour chacune et chacun, la BO d’une jeune vie que cette annonce va tenter de réanimer.
Sur des écrans géants, un chronomètre décompte les secondes restant avant cette annonce qui va relancer l’économie, voire la natalité anglaises. Une assistante vient nous prévenir : ça ne sera pourtant pas une conférence de presse typique “mais un show“. On pourra faire du stagediving parmi les nems et crackers ?
C’est Zane Lowe, le dj star de la BBC récemment recruté par Apple qui est là pour présenter Blur et son précieux héritage. Il avoue avoir déjà écouté l’album. On l’attendra à la sortie, pour le dépouiller.
A 14h pile, les quatre garçons de Blur se ruent sur l’estrade improvisée, avec leur nonchalance légendaire. “J’annonce ma retraite“ ricane Damon Albarn, avant d’annoncer un nouvel album et un concert à Hyde Park le 20 juin — ça sera la quatrième fois que Blur jouera à Hyde Park, un record.
La base du nouvel album, The Magic Whip, vient de ces sessions enregistrées à Hong Kong dont Damon Albarn nous avait parlé l’an passé. Il évoque un retour à des enregistrements plus simples. “Je pensais que rien n’en sortirait, j’étais à fond sur mon album solo”, avoue-t-il, avant de continuer. “Tout est de le faute de Graham Coxon et le producteurs Stephen Street, qui les premiers ont réécouté ces bandes enregistrées sans la moindre pression à Hong Kong.”
Ils ont ainsi commencé sans Damon, s’avançant sans l’avis des autres, avant que Damon se penche finalement, de retour à Hong Kong, sur les paroles — “je voulais revenir à ces émotions qui avaient vu naître ces chansons”. “J’étais nerveux, ça faisait 18 ans que je n’avais pas chanté devant Stephen Street”. “On était très nerveux aussi à l’idée de présenter les chansons à Damon”, reconnaissent Graham et Stephen Street.
Comme d’habitude, seuls Graham et Damon parlent vraiment, n’hésitant pas à se couper la parole. Le groupe répond précisément, sauf quand on lui demande si Hyde Park sera une date isolée, même si Damon laisse entendre que ça ne sera sans doute pas le cas.
Il est plus précis quand on lui demande la date de sortie de l’album : le 27 avril. Et offre en avant première l’écoute de Go Out, morceau électrique à basse dodue. Avant de disparaître dans la foule de pandas, tigres et ours de Chinatown.
Tracklisting de The Magic Whip :
Lonesome Street
New World Towers
Go Out
Ice Scream Man
Thought I Was a Spaceman
I Broadcast
My Terracotta Heart
There Are Too Many of Us
Ghost Ship
Pyongyang
Ong Ong
Mirrorball
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