À sa manière elliptique et faussement naïve, Bill Frisell n’en finit plus de recomposer le portrait fantasmatique d’une Amérique originelle idéale. Son dernier disque, Blues Dream, somptueux recueil de saynètes anodines et nostalgiques dessinant en négatif un monde miné de solitude n’est en rien un état des lieux du blues, plutôt l’expression diffuse de ce […]
À sa manière elliptique et faussement naïve, Bill Frisell n’en finit plus de recomposer le portrait fantasmatique d’une Amérique originelle idéale. Son dernier disque, Blues Dream, somptueux recueil de saynètes anodines et nostalgiques dessinant en négatif un monde miné de solitude n’est en rien un état des lieux du blues, plutôt l’expression diffuse de ce que cette musique représente pour le guitariste, à l’intérieur d’un projet beaucoup plus vaste et ambitieux. Pour résumer, on pourrait dire que Frisell, depuis une dizaine d’année, s’attache à réunifier, les différents genres et idiomes qui, par strates successives, ont fini par constituer en un peu plus d’un siècle la richesse et la diversité de la culture musicale américaine contemporaine ? de la country au rock, du jazz dans tous ses états aux univers raffinés des grands compositeurs fondateurs de la musique savante US (Charles Ives, Aaron Copland) ; du blues primitif et rural aux dernières expérimentations libertaires et bruitistes de l’avant-garde new-yorkaise. Au sein d’un septette à l’instrumentation raffinée, Frisell compose un univers poétique hyper sophistiqué sous son apparente simplicité, ouvrant des perspectives d’une profondeur insoupçonnée derrière cette façon apparemment nonchalante de glisser sur le monde. À l’arrivée, Blues Dream, magnifique traversée fantomatique d’un continent musical morcelé, effleure une nouvelle fois cette utopique unité perdue.
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