Les “échanges” culturels et artistiques entre tradition afro-américaine et variété pop hollywoodienne n’ont pas été à sens unique. Pour preuve cette rencontre de 1956, étonnante de complicité et d’intelligence musicale (et pour tout dire, en tout point exemplaire), entre la chanteuse blanche “de variété” Rose Mary Clooney et l’orchestre de Duke Ellington au grand complet […]
Les « échanges » culturels et artistiques entre tradition afro-américaine et variété pop hollywoodienne n’ont pas été à sens unique. Pour preuve cette rencontre de 1956, étonnante de complicité et d’intelligence musicale (et pour tout dire, en tout point exemplaire), entre la chanteuse blanche « de variété » Rose Mary Clooney et l’orchestre de Duke Ellington au grand complet (Johnny Hodges, Harry Carney et Paul Gonsalves s’en donnant à cœur joie). Sur un répertoire composé exclusivement de thèmes d’Ellington, la voix blanche et doucement satinée de la chanteuse se pose sans la moindre affectation sur les harmonies savantes et transcende son registre familier, somptueusement habillée par les orchestrations sophistiquées et minimalistes du maître. On touche là à la quintessence du génie architectural et expressif d’Ellington, le format des chansons, proche de celui habituellement réservé à la pop (à peu près trois minutes), obligeant le compositeur à retrouver la concision et l’art de la litote qui étaient sa marque de fabrique d’avant-guerre, d’avant l’avènement du microsillon. Un authentique petit chef-d’œuvre secret de l’histoire du jazz vocal ? l’envers de la légendaire association Fitzgerald/Ellington qui aura lieu un an plus tard.
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