On n’arrête plus Elizabeth Grant, qui publie un huitième album haute fidélité, partagé entre envolées pop, démonstrations lyrico-country et blues 2.1.
“You know I’m not that girl, you know I’ll never be, chante-t-elle dans l’inaugural Text Book. Maybe just the way we’re different could set me free/And there we were, screamin’ Black Lives Matter in the crowd.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Non, personne ne sait qui est vraiment Lana Del Rey, pas même elle-même : éternelle ado, femme fatale, entrepreneuse à la tête froide, grande amoureuse perdue, passionaria féministe, bonne copine au rire facile, surfeuse intrépide ou potiche façon Mad Men. Dans tous les cas, c’est une diva – engagée, quoiqu’en disent les mauvaises langues. Et qui sait régler ses comptes.
Blue Banisters consacre non seulement l’inspiration de Lana Del Rey, dont c’est le deuxième disque en moins de six mois, mais aussi sa plume irrémédiablement romantique, ici sous influence de Tammy Wynette ou Bobbie Gentry. Après une fructueuse collaboration avec Jack Antonoff sur trois albums, elle prend le contrepied de leur huis clos et fait appel à Rick Nowels (Madonna), Drew Erickson (proche de Weyes Blood), Zachary Dawes (Arctic Monkeys), Gabe Simon (Dua Lipa), Mike Dean (The Weeknd), Barrie-James O’Neill (son ex-compagnon et l’ex-meneur du groupe écossais Kassidy), Dean Reid (FKA twigs)…
Belles surprises
Une brochette de musiciens au garde à vous, qui, selon les bonnes vieilles règles hollywoodiennes, se partagent les (plus ou moins gros) morceaux du gâteau de Blue Banisters. Ce qui semble affranchir Lana del Rey de certaines retenues sonores bien qu’au premier abord, rien de neuf sous le soleil de L.A.
Démonstrations typiquement delreysques (Black Bathing Suit, Violets for Roses, l’élégant If You Lie Down with Me), ballades piano-voix convoquant les mélopées de Broadway (Arcadia). Y résonnent de belles surprises tel le vénéneux Dealer, écrit à pas moins de dix mains dont celles de Lana et de Miles Kane, qui partage également le micro avec elle. Face au rockeur britannique, elle hurle, suppliant, houspillant comme rarement jusqu’ici : “I don’t wanna live/I don’t wanna give you nothing/’Cause you never give me nothing back/Why can’t you be good for something?”.
S’impose la grâce des deux ultimes titres, plus dépouillés : Cherry Blossom et Sweet Carolina. Ce dernier, coécrit avec son père et sa sœur, ne déparerait pas chez Joni Mitchell, dont elle avait déjà repris For Free dans Chemtrails over the Country Club, entourée de Weyes Blood et Zella Day.
S’élevant dans les aigus, la voix de Del Rey se prélasse dans un démonstratif réconfortant : “If you get the blues, baby blues/Just know this is your song”. Avant ça, la cowgirl de la pop US s’est attaquée à Ennio Morricone en bousculant de beats hip-hop Le Bon, la Brute et le Truand, elle a aussi raconté sa Living Legend : le morceau homonyme distille des effluves country cent ans d’âge, où elle puise dans ses tripes tous les désirs et regrets de la Terre.
Blue Banisters (Polydor/Universal). Sortie le 22 octobre.
{"type":"Banniere-Basse"}