Les Hurleurs, comme leur nom ne l’indique plus, ont enfin cessé de hurler. Et leur chant, menaçant et triste, fait beaucoup plus de bruit. Pour Blottie, troisième album terrifiant dans son équilibre entre luxe et ruines, entre fragilité et puissance, le groupe aurait même pu changer de nom. Pour illustrer ce changement aussi radical que […]
Les Hurleurs, comme leur nom ne l’indique plus, ont enfin cessé de hurler. Et leur chant, menaçant et triste, fait beaucoup plus de bruit. Pour Blottie, troisième album terrifiant dans son équilibre entre luxe et ruines, entre fragilité et puissance, le groupe aurait même pu changer de nom.
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Pour illustrer ce changement aussi radical que fascinant, on écoutera en priorité L’Epreuve du feu, grande chanson française de l’année, blottie en début d’album. Combien de titres ont apprivoisé la tempête, l’ivresse, la démence et la démesure avec autant de grâce que ce monument où Joy Division semble jouer le Boléro, cette pièce à la répétitivité psychiatrique de Ravel ? Les instruments tournent, souvent épaulés de machines, propulsés par la plus furieuse paire de cuivres croisée dans le rock français depuis Marquis De Sade. Les guitares, particulièrement distinguées et éloquentes, se livrent à des dialogues savants mais jamais ramenards. Entre les musiciens, peu de mots mais beaucoup de regards, auxquels dix ans de vie commune ont appris à donner des sens.
Pour plus de repères, on évoquera les alliés de fortune, l’Anglais Ian Caple à la production, Adrian Utley (Portishead), venu d’abord en touriste pour y poser ensuite ses valises (de guitare, de basse, de piano) et Stuart Staples (Tindersticks), venu ici en voisin. En telle compagnie, pas étonnant que les Parisiens aient radicalisé le ton, là où tant d’anciens du rock pointant aux major companies l’auraient lâchement dilué, javellisé. Mais on n’efface pas comme ça les idées noires.
On a régulièrement évoqué, au sujet des Hurleurs, des compatriotes exaltés, comme les Têtes Raides ou les copains/parrains de Louise Attaque. Avec Blottie, c’est du côté des dynamiteurs à la Ulan Bator ou Tanger qu’il faudra chercher ? dans les terres brûlées du rock d’ici ? d’autres correspondants.
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