Un duo français plein d’esprit et plein de chair.
Comme une Zazie moderne, une étoile filante éreintée, un joyau percé depuis lequel la lumière pleure, Blondino s’écharpe pour laisser passer le temps, mais pas les notes qu’elle oppose les unes aux autres, qu’elle fait librement claquer entre ses mots doux et cruels. En français dans le texte, en anglais dans l’intention (parce que félin, parce que piquant), Tiphaine Lozupone, accompagnée de Jean-Christophe Ortega – mieux connu sous le pseudo de AbEL K1, il a notamment travaillé avec Camélia Jordana –, remue le couteau dans les plaies (Bleu), signifie des histoires terminées et rangées au placard dans des vapeurs d’opium et d’electro salement réjouissantes.
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On s’use à écouter Jamais sans la nuit, premier album nocturne et vaporeux qui laisse à chacun le loisir de se perdre dans des couloirs obscurs, des tunnels de claviers réalisés sans trucage, sans électricité, où tout est noir. On prend plaisir aussi, un plaisir atmosphérique et nomade qui laisse très loin s’évader les sentiments, à entendre Tant qu’il y aura des hommes ou De verre, ces morceaux témoins et habités qui rongent autant qu’ils soignent.
Avec ce disque, Blondino bouleverse la pop tranquille, libre et fascinante qui submerge une scène française en mutation. Un territoire à défricher où se croisent tous les profils, où se muent toutes les rencontres, des plus folles aux plus sages, comme ici. Un parterre d’aventuriers crispants qui chassent à corps perdu leur propre vérité, leurs propres (men)songes. En reliant les pages d’une toile unique, une fresque personnelle et attachante, la jeune femme libère aussi tout ce qu’il y a de plus dur, tout ce qu’il y a de plus beau, pour laisser planer des heures que l’on pensait lointaines, des astres que l’on croyait trop hauts. Bashung a sa princesse, Gainsbourg sa pierre précieuse. On vibre.
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